Comment la larve d’une guêpe manipule l’araignée pour lui faire construire un cocon avant de la manger

Crédits : Capture vidéo

Une équipe de chercheurs de l’Université de Kobe au Japon décrit dans une étude par quel moyen les larves d’une guêpe parasitent des araignées, les obligent à leur construire un cocon des plus solides, puis les attirent dans ce cocon pour les manger.

Dans la revue The Journal of Experimental Biology, l’équipe de Keizo Takasuka, de l’Université de Kobe au Japon, détaille comment les larves d’une guêpe parviennent à manipuler des araignées, un nouvel exemple de parasitisme chez les insectes. Une manipulation qui permet à ces larves de forcer l’araignée choisie à leur construire un cocon extrêmement solide. Une fois l’opération terminée, l’araignée se laisse manger.

Pour comprendre le processus, cette équipe de chercheurs a collecté des araignées Cyclosa argenteoalba, qu’ils ont ensuite rapportées dans leur laboratoire afin de les étudier. Parmi ces araignées, plusieurs avaient déjà été parasitées par la guêpe Reclinervellus nielseni, par le biais de ce qu’ils décrivent comme « une concentration inhabituelle d’une substance manipulatrice ». La guêpe avait alors pondu sur, ou à l’intérieur, du corps de l’araignée.

Ils ont ainsi observé que toutes les araignées qui avaient été infectées ont commencé à travailler frénétiquement pendant une durée d’environ 10 heures, afin de construire une toile « allégée en surface de contact », dotée d’un cocon en son centre, et entre 3 et 40 fois plus résistantes que les toiles d’araignée habituelles. Elles ont même pris le soin d’ajouter aux toiles des « décorations » sur certains rayons pour annoncer la présence de la toile. Une fois ces toiles terminées, les larves y ont investi le cocon pour se transformer en nymphe, avant d’attirer l’araignée pour la tuer et la manger.

Pour expliquer ce comportement de l’araignée, les chercheurs suggèrent que « la substance de manipulation peut réagir avec le système endocrinien de l’araignée », une substance qui pourrait être un composé comparable à celui que l’araignée produit naturellement.

Voici la description de Keizo Takasuka : 

Dans cette observation, l’araignée manipulée a commencé à récupérer la spirale de toile collante pour la capture à 18m40 secs, puis fait la navette le long des fils du cadre, encore et encore, pour les renforcer. Dans le même temps, l’araignée effectue plusieurs trajets radiaux complexes, s’éloignant et revenant près du moyeu afin de stabiliser la partie centrale de la toile. À la dernière phase de la manipulation, l’araignée décore certains rayons avec des fils fibreux pour “annoncer” la toile de cocon. Après tous les processus de manipulation, l’araignée est revenue au moyeu, restant immobile jusqu’à la mort provoquée par la larve de guêpe. Celle-ci a ensuite aspiré l’araignée et s’est fait un cocon sur le moyeu stabilisé pour se nymphoser.

Ce  cocon de toile a été terminé en environ 5 h. La vidéo a été accélérée par 50 fois et des scènes au cours desquelles l’araignée est inactive ont été coupées.

Sources : gurumed, Wired

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Rédigé par David Louvet-Rossi