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Crédits : Wirestock/istock

L’arme qui coupe le courant sans tirer un seul coup : la Chine dévoile sa bombe invisible contre les réseaux électriques

Imaginez une arme capable de paralyser une ville entière sans faire exploser le moindre bâtiment, sans tirer une balle, sans faire de victimes directes. Une frappe silencieuse qui plongerait instantanément les infrastructures dans le noir, désactivant radars, communications, et lignes de défense. Ce n’est plus de la science-fiction : la Chine vient de dévoiler ce qui pourrait bien être la prochaine évolution de la guerre moderne.

Une arme pour couper le jus… au sens littéral

Dans une vidéo publiée par CCTV, la télévision d’État chinoise, on découvre une animation d’un missile libérant des dizaines de petites bombes cylindriques au-dessus d’une zone cible. Ces sous-munitions rebondissent au sol, explosent légèrement en altitude, et déversent une pluie de filaments conducteurs, invisibles mais redoutablement efficaces. Ces brins, probablement composés de carbone ou de graphite, court-circuitent instantanément les installations électriques, provoquant des pannes généralisées.

La zone affectée, selon les données de la vidéo, s’étend sur plus de 10 000 mètres carrés – l’équivalent d’environ 2,5 terrains de football – et serait plongée dans une « perte totale d’électricité ».

Le retour de la « bombe blackout »

Ce type de munition n’est pas entièrement nouveau. Dans les années 1990, l’armée américaine avait déjà utilisé des « bombes au graphite » en Irak et en Serbie. En 1999, la célèbre BLU-114/B avait réussi à désactiver jusqu’à 85 % du réseau électrique serbe dès les premières heures des frappes de l’OTAN. Mais cette fois, c’est la Chine qui entre dans la danse avec un modèle beaucoup plus perfectionné.

La vidéo attribue le système à China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC), un puissant conglomérat industriel lié au ministère chinois de la Défense. Et les chiffres impressionnent : portée de 290 kilomètres, ogive de 490 kg, et guidage de précision, probablement grâce au système de navigation satellitaire chinois BeiDou.

Une arme pensée pour une guerre invisible

Ce que la Chine semble vouloir démontrer ici, ce n’est pas simplement une nouvelle bombe : c’est un changement stratégique profond dans sa doctrine militaire. Au lieu de cibler des bases ou des unités ennemies, cette arme attaque les systèmes nerveux d’un pays : électricité, communication, surveillance, logistique. Sans réseau électrique, les radars ne fonctionnent plus, les centres de commandement sont aveugles, les transmissions militaires s’interrompent, et les civils sont plongés dans le chaos.

Ce type d’attaque non cinétique s’inscrit pleinement dans la logique de la guerre hybride, où l’objectif n’est plus de détruire, mais de neutraliser. Pas de cratères, pas de villes rasées, mais un pays immobilisé, sans savoir d’où vient le coup.

Une réflexion militaire en pleine mutation

Dans une publication semi-officielle chinoise, Modern Ships, l’analyste militaire Chen Chundi soulignait dès 2017 que les bombes au graphite représentaient un tournant : « La guerre moderne ne se concentre plus uniquement sur la destruction des formations ennemies« , écrivait-il. « Elle vise désormais à désactiver les systèmes. »

Selon Chen, ce type d’armement est idéal pour contourner les défenses renforcées, pénétrer les arrières technologiques d’un pays, et perturber les capacités de réaction sans déclencher de représailles massives. En somme, une arme stratégique qui affaiblit sans déclarer la guerre.

Taïwan en ligne de mire ?

Si aucun pays n’est officiellement désigné comme cible dans la vidéo, de nombreux observateurs soupçonnent que cette démonstration soit un message à peine voilé à Taïwan. En cas de conflit dans le détroit, une attaque ciblée contre les infrastructures électriques de l’île pourrait précéder toute action militaire conventionnelle, neutralisant ses capacités de défense dès les premières heures.

Ce scénario n’est pas fantaisiste : les tensions entre Pékin et Taipei restent élevées, et les États-Unis multiplient les accords de défense avec Taïwan. Dans ce contexte, une arme qui peut désactiver sans tuer devient une option redoutablement « propre », du point de vue stratégique.

La guerre silencieuse, mais brutale

Avec cette bombe, la Chine rejoint officiellement le club très fermé des puissances capables de mener des attaques électromagnétiques ciblées. Et ce qui rend cette arme particulièrement préoccupante, ce n’est pas sa puissance de feu – mais son caractère invisible et non attribuable. Difficile de savoir qui l’a utilisée, d’où elle vient, ou même si c’était une attaque intentionnelle.

Dans un monde de plus en plus dépendant de l’électricité, le pouvoir de couper le courant devient une arme géopolitique majeure. Et à mesure que la guerre devient un jeu de systèmes plutôt que de soldats, des outils comme cette « bombe blackout » pourraient bien devenir les nouveaux maîtres du champ de bataille.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.