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Un lapin à queue blanche Omiltemi avec sa queue noire distinctive photographié dans la Sierra Madre del Sur. Crédits : Joe Figel, Re:wild

Un lapin que l’on croyait éteint repéré pour la première fois depuis 130 ans

Pendant plus de 130 ans, le lapin à queue blanche d’Omiltemi (Sylvilagus insonus) était considéré comme disparu, un fantôme de la faune mexicaine dont l’existence n’était plus qu’un souvenir dans les archives scientifiques. Cependant, une expédition récente dans la Sierra Madre del Sur, au Mexique, a redonné espoir en capturant des images de cet animal rare et en confirmant sa présence dans plusieurs zones de la région. Cette redécouverte est un triomphe pour les efforts de conservation et une illustration des mystères encore à élucider dans le monde naturel.

Une expédition au cœur de la Sierra Madre del Sur

Le lapin à queue blanche d’Omiltemi n’avait pas été observé depuis le début des années 1900, et depuis lors, aucune preuve de sa survie n’avait été retrouvée. Cette absence de données pendant plus d’un siècle avait conduit à la conclusion générale qu’il était éteint. C’est dans ce contexte que l’initiative de conservation Re:wild, spécialisée dans la recherche et la protection des espèces supposées disparues, a lancé une expédition visant à retrouver ce petit mammifère. Ce projet a réuni des scientifiques, des écologistes et des experts locaux pour mener des recherches dans les montagnes isolées du Mexique, dans la Sierra Madre del Sur, à la recherche de signes de vie.

L’expédition menée par Alberto Almazán-Catalán, écologiste et président de l’Instituto para el Manejo y Conservación de la Biodiversidad, s’est attaquée à un défi de taille : explorer des zones difficiles d’accès en raison de conditions de sécurité précaires et de terrains escarpés. Pendant un an et demi, les chercheurs ont écumé les forêts, les montagnes et les vallées en posant des pièges photographiques, en utilisant des drones et en menant des entretiens avec les communautés locales.

Les résultats ont été spectaculaires. Non seulement l’équipe a réussi à capturer des images du lapin à queue blanche d’Omiltemi, mais elle l’a observé dans sept des dix zones étudiées. Cette découverte a été un véritable tournant pour les chercheurs qui pensaient initialement que l’espèce était éteinte. Grâce à des comparaisons morphologiques avec les descriptions originales de l’animal, il a été confirmé que les lapins observés étaient bien Sylvilagus insonus, l’espèce qui a longtemps disparu des radars scientifiques.

Une espèce fougueuse

Le lapin à queue blanche d’Omiltemi, bien que petit, se distingue des autres lapins par plusieurs caractéristiques. Contrairement aux lapins à queue blanche ordinaires, cet animal possède une petite queue noire et des oreilles plus courtes. Bien que de petite taille, il est agile, fort et territorial. Il est capable de grimper sur des pentes raides allant jusqu’à 80 % de dénivelé et de défendre farouchement son territoire contre d’autres lapins de la même espèce ainsi que contre le lapin à queue blanche du Mexique, une autre espèce présente dans la région.

Le fait que cet animal soit capable de s’adapter à des environnements difficiles, comme les falaises et les zones escarpées, témoigne de son extraordinaire résilience. Cette agilité est probablement une des raisons pour lesquelles les populations de lapins d’Omiltemi réussissent à survivre dans un habitat de plus en plus fragmenté et menacé par l’agriculture et l’urbanisation.

Un avenir incertain mais prometteur

Si cette redécouverte est un pas important vers la conservation du lapin à queue blanche d’Omiltemi, elle met également en lumière la fragilité de son existence. Bien que des populations aient été découvertes dans certaines régions de la Sierra Madre del Sur, leur survie à long terme dépendra de la mise en place de stratégies de conservation efficaces. La perte de leur habitat naturel, la déforestation et les activités humaines continuent en effet de menacer leur environnement.

Cela dit, cette réussite n’est qu’un exemple parmi d’autres de ce qu’il est encore possible de sauver. Le travail de l’initiative Re:wild et d’autres organisations similaires prouve que la conservation d’espèces longtemps considérées comme disparues est loin d’être une tâche impossible. Grâce à des recherches ciblées, des technologies avancées et une collaboration avec les communautés locales, des espèces de ce genre peuvent bénéficier d’une nouvelle chance de survie.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.