Les fêtes sont désormais terminées et emportent avec elles, pour beaucoup, les véritables festins qui les accompagnent. Un festival de goûts et de saveurs qui n’existent pas pour les personnes qui souffrent d’anosmie, un trouble de l’odorat empêchant par extension de distinguer les goûts.
Perdre totalement la distinction des goûts est extrêmement rare, mais l’anosmie peut faire en sorte d’en perdre une grande partie. Ce trouble empêche la détection des molécules volatiles situées dans l’air et qui nous permettent de distinguer les goûts. En effet, toutes les sensations gustatives ne proviennent pas de la bouche. « Les gens ont souvent l’impression que toutes les sensations viennent de la bouche, mais c’est faux. Certaines proviennent du nez », explique Beverly Cowart, professeur d’oto-rhino-laryngologie à la Thomas Jefferson University de Philadelphie, au magazine Motherboard. Une perte de l’odorat qui nous rend incapables de « distinguer la cerise de la vanille ou le chocolat de la fraise ».
À ce jour, environ 3 à 6 % de la population mondiale souffre d’anosmie. « Cela peut être un facteur d’isolement pour les gens. Beaucoup d’interactions sociales tournent autour de la nourriture. Si vous allez dîner chez quelqu’un et que vous êtes incapable d’apprécier le plat qu’il vous a préparé, c’est très frustrant » , poursuit Beverly Cowart. Mais plus que l’isolement, c’est aussi au danger que sont exposées les personnes qui souffrent de ce trouble en les rendant notamment incapables de sentir la fumée d’un incendie.
Si pour certains, l’anosmie est un trouble ponctuel résultant d’une maladie et qui disparaît donc après quelques jours, pour d’autres, ce trouble est de plus longue durée. Elle peut être causée par un virus ou une blessure à la tête qui endommage les neurones nécessaires à l’odorat. Au niveau des traitements, c’est très limité. Seule l’exposition ciblée à certaines odeurs peut, dans certains cas, réentraîner le nez et le cerveau pour récupérer une partie de l’odorat.
« C’est le seul traitement dont nous disposons pour les pertes d’odorat provoquées par un traumatisme. Cela prend du temps. Il faut que les personnes concernées s’y consacrent vraiment. Il semble que cela marche mieux quand les gens s’y mettent rapidement, s’ils n’attendent pas des années » , explique Beverly Cowart.