Une langue inconnue découverte en Asie du Sud-Est

Crédits : Lund University / Niclas Burenhult

Un village du nord de la péninsule malaise est connu des anthropologues depuis un certain temps, mais les linguistes viennent de se rendre compte que ces chasseurs-cueilleurs utilisent leur propre langue, jamais répertoriée auparavant.

Composé de seulement 280 personnes, le village parle une langue aslienne – nouvellement nommée Jedek par des linguistes de l’Université de Lund, en Suède. Les langues asliennes sont parlées par 14 petits groupes d’autochtones autour de la péninsule malaise. Les langues sont toutes reliées entre elles par de nombreuses similitudes, mais elles sont toujours authentiques et uniques. Les chercheurs étaient ici dans la région pour documenter les langues dans le cadre du projet Tongues of the Semang lancé en 2005, visant à préserver les langues et traditions indigènes en danger de la péninsule malaise. Alors qu’ils étudiaient la langue des Jahai (un groupe de chasseurs-cueilleurs) dans un village, les chercheurs ont alors réalisé qu’une grande partie des villageois parlait une langue différente.

« Ils utilisaient des mots, des phonèmes et des structures grammaticales qui ne sont pas utilisés chez les Jahai. Certains de ces mots suggèrent un lien avec d’autres langues asliennes parlées au loin dans d’autres parties de la péninsule malaise », note Niclas Burenhult, de l’Université de Lund.

Les locuteurs de Jahai et d’une autre langue voisine – le Menriq – étaient quant à eux conscients de la différence linguistique, mais les anthropologues n’avaient à ce jour pas fait la différence. Cette langue fut ensuite baptisée Jedek par les linguistes (un nom basé sur l’un des termes couramment utilisés dans la langue). Les locuteurs de Jedek font partie d’une communauté de chasseurs-cueilleurs qui vivaient autrefois le long de la rivière Pergau, mais qui ont été réinstallés dans le nord de la Malaisie. Ces locuteurs sont par ailleurs hautement multilingues, notent les chercheurs, généralement capables de parler Jahai, et cohabitant et se mariant avec des locuteurs Jahai.

On estime aujourd’hui à 6 000 le nombre de langues parlées dans le monde, dont 3 600 sont parlées par seulement 20 % de la population. Et selon un rapport de l’UNESCO publié en 2015, la moitié de ces langues pourrait disparaître d’ici la fin du siècle si rien n’est fait pour les préserver. Parce que le bassin de locuteurs Jedek est petit, la langue est donc officiellement – et déjà – considérée comme étant « en danger ».

Le Jedek n’est pas la seule langue découverte ces dernières années. En 2013, des chercheurs ont notamment découvert 800 personnes dans l’État indien d’Arunachal Pradesh parlant une langue tibéto-birmane inconnue appelée « Koro ». Toujours en 2013, des linguistes australiens remarquaient que 350 résidents de la ville isolée de Lajamanu parlaient une langue baptisée « Light Warlpiri », un mélange d’anglais et de deux dialectes locaux.

Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans la revue Linguist Typology.

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