Sur Mars, de nombreuses vallées ont été sculptées par la fonte d’une eau sous-glaciaire, et non par des rivières à écoulement libre comme on le pensait auparavant, d’après une étude publiée lundi.
Depuis la découverte de milliers de vallées martiennes il y a plusieurs décennies, l’hypothèse dominante était que toutes ces structures avaient été creusées par de l’eau en écoulement libre. Il était en effet largement admis que la planète rouge était jadis tapissée de lacs et de rivières.
Et si nous avions eu tort ? Tout comme notre planète, Mars présente en effet de multiples cicatrices qui, d’après de nouvelles recherches publiées dans la revue Nature Geoscience, pourraient s’être formées de différentes manières.
« Si vous regardez la Terre depuis un satellite, vous voyez beaucoup de vallées : certaines sont creusées par des rivières, d’autres par des glaciers, d’autres par d’autres processus, et chaque type a une forme distincte, explique Grau Galofre, principale auteure de ces travaux. Mars est similaire, en ce sens que les vallées semblent très différentes les unes des autres, ce qui suggère que de nombreux processus étaient en jeu pour les sculpter« .
Un système fluvial sous-glaciaire
Dans le cadre de cette étude, Grau Galofre et son équipe ont analysé, via un algorithme, plus de 10 000 vallées martiennes, mettant en évidence, pour certaines, une similitude avec les canaux sous-glaciaires de l’île Devon, dans le territoire canadien du Nunavut. Autrement dit, leur algorithme a déterminé que la plupart de ces vallées martiennes avaient été sculptées de la même manière que celles de l’arctique canadien.
« Ces résultats sont la première preuve d’une érosion sous-glaciaire étendue provoquée par le drainage canalisé des eaux de fonte sous une ancienne calotte glaciaire sur Mars, explique le co-auteur de l’étude Mark Jellinek. Nos résultats démontrent que seule une fraction des réseaux de vallées correspond à des modèles typiques de l’érosion des eaux de surface« .
Si tel fut effectivement le cas, cela suggère que l’ancien climat de Mars était beaucoup plus frais que prévu à l’époque de la formation du réseau de vallées, il y a environ 3,8 milliards d’années.
Quand bien même, d’après les chercheurs, ces environnements sous-glaciers auraient peut-être favorisé l’évolution de la vie sur la planète, si tant est qu’elle soit apparue. Une couche de glace, disent-ils, garantirait en effet davantage de protection et de stabilité à l’eau sous-jacente, tout en fournissant un abri contre le rayonnement solaire en l’absence de champ magnétique.