L’amibe mangeuse de cerveau sous surveillance aux Etats-Unis

Crédits : CDC/ Dr. Govinda S. Visvesvara/ Wikimedia Commons

Le Département de la Santé de l’état de Louisiane a annoncé le 28 août avoir détecté la présence d’une amibe potentiellement très dangereuse dans un réseau de distribution d’eau potable qui alimente près de 13000 personnes, réparties sur 3 communes. Un constat alarmant pour les autorités sanitaires américaines, car une fois les conditions réunies, l’amibe connue sous le nom de Naegleria fowleri est responsable d’une pathologie mortelle dans 95% des cas.

L’espèce Naegleria fowleri est une amibe vivant dans des plans d’eau douce stagnante comme les lacs ou les marais,où elle se nourrit de bactéries. Sa concentration dans ces milieux dépend directement de la température de l’eau : l’amibe adore la chaleur et donc très présente sous des lattitudes tropicales, mais également dans des plans d’eau chauffés naturellement (sources thermales) ou par l’activité humaine. L’amibe contamine de nouveaux territoires grâce à des gouttelettes transportées par le vent, et colonise ainsi des milieux inhabituels comme des égouts ou des piscines mal entretenues.

Lorsque des baigneurs s’aventurent dans une eau contenant l’amibe sous sa forme végétative, ils courent le risque que cette dernière s’installe dans leurs muqueuses nasales, faisant apparaître les premiers symptômes de la Méningo-encéphalite amibienne primitive (ou MEAP) après quelques jours d’incubation.
En remontant le long du nerf olfactif jusqu’au cerveau dont il endommage irréversiblement les cellules, Naegleria fowleri provoque rapidement maux de tête, nausées et raideurs de la nuque avant que la MEAP n’évolue entraînant l’hyperthermie, le coma puis la mort en moins de dix jours.

Un territoire en expansion ?

En 2007, on estimait à plus de 200 le nombre de cas recensés à travers le monde depuis son identification en 1909, et seulement 10 survivants malgré tout atteints de séquelles neurologiques. Ce qui en fait une pathologie dont le taux de létalité est supérieur à celui de l’Ebola. Le CDC a rapporté cette année-là 6 cas sur le territoire américain, soit 3 fois plus qu’observé précédemment.
Le Docteur Jimmy Guidry, chef de service en pédiatrie à Bâton Rouge impute notamment de tels chiffres aux modifications climatiques : « plus il fait chaud, plus l’amibe sera susceptible d’être trouvée dans nos réserves d’eau. Je suis certain que d’autres systèmes de distribution la contiennent en toute ignorance » rapporte le praticien sur the Guardian.

Un avis relativisé par d’autres experts de la communauté médicale, qui mettent en avant la difficulté de diagnostiquer efficacement la MEAP par rapport à d’autres formes de méningite. « Naegleria est commune dans l’environnement et tue plus de gens que nous ne le réalisons (…) Nous en sommes à un stade très précoce dans la prise de conscience de cette pathologie » explique Travis Heggie, expert de cette amibe à l’université Green State en Ohio.
Les autorités sanitaires de Louisiane se veulent toutefois rassurantes, expliquant que veiller à protéger les fosses nasales suffit à prévenir toute contamination lors des baignades.

Sources : The Guardian, Sciences et Avenir, Wikipédia

– Illustration : Méningo-encéphalite amibienne primitive /  CDC/ Dr. Govinda S. Visvesvara