L’agriculture industrielle est restée la cause principale de déforestation sur les 15 dernières années

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Crédits : Wikimedia Commons.

La perte des surfaces boisées est due à plusieurs facteurs dont l’agriculture, l’urbanisation, l’exploitation forestière, les incendies, etc. Une nouvelle étude révèle qu’entre 2001 et 2015, l’agriculture industrielle arrive en première place des causes de déforestation, avec pas moins de 5 millions d’hectares de forêts abattus définitivement chaque année. Ce défrichement est resté stable sur la période étudiée, malgré les engagements environnementaux pris par les gouvernements ou les entreprises concernant leur chaîne d’approvisionnement. 

L’étude publiée le 14 septembre dernier dans la revue Science a pour la première fois cartographié ou et à quel point la déforestation se produit, mais aussi – et c’est là le point novateur – quelles en sont les causes. Jusqu’à présent, les études qui se concentraient sur l’évolution des forêts à l’échelle globale mettaient surtout en avant la répartition spatiale des pertes. Mais, elles ne faisaient pas la différence entre les conversions permanentes des sols – comme celles associées à la production d’huile de palme – et d’autres formes de perturbations qui peuvent rapidement être suivies par une repousse – par exemple, les incendies ou l’exploitation forestière durable.

Pour déterminer les facteurs impliqués dans l’évolution observée sur la période 2001-2015, les chercheurs ont développé un logiciel informatique qu’ils ont entraîné sur pas moins de 5000 échantillons d’images à haute résolution en provenance de Google Earth. Ces différentes images représentaient des pertes forestières associées à une cause connue. Le logiciel a ensuite pu déterminer le facteur le plus susceptible d’être responsable de l’évolution observée sur l’ensemble du globe au cours des 15 années de la période étudiée, et ce parmi 5 facteurs prédéfinis lors de la période d’entraînement. L’analyse est appliquée à chaque carreau de 10 kilomètres carrés quadrillant toutes les terres avec un couvert végétal. Ces 5 catégories sont : les feux de forêts, l’urbanisation, l’agriculture à grande et à petite échelle, et enfin l’exploitation de surfaces boisées dans le cadre d’une foresterie*.

Déforestation entre 2001 et 2015 au Brésil (orange) et dans le sud-est de l’Asie (bleu) en millions d’hectares. Crédits : ADAPTED FROM CURTIS ET AL., SCIENCE.

Les résultats indiquent qu’en moyenne globale, 27 % des pertes forestières observées sur la période étudiée sont dues à l’agriculture de grande échelle – entre autres via les plantations industrielles nécessaires à la production d’huile de palme – et à l’élevage. Pour donner une estimation concrète, ce pourcentage correspond à environ 5 millions d’hectares de forêt qui disparaissent définitivement chaque année. Celles provoquées dans le cadre d’une foresterie et par les incendies, qui ne sont pas des conversions permanentes comparées à l’agriculture à grande échelle, se chiffrent à 26 % et 23 % respectivement. Enfin, l’urbanisation ne représente qu’1 % des pertes observées, mais celles-ci sont définitives.

Si le taux de déforestation associé à l’élaboration de produits agricoles primaires est resté stable au niveau global entre 2001 et 2015, il a significativement varié régionalement. Par exemple, on observe une diminution substantielle de la déforestation dans la partie brésilienne de la forêt amazonienne, en partie à cause des pressions provenant des réglementations environnementales. A contrario, en Asie du Sud-Est, la déforestation est beaucoup moins régulée, et on observe une augmentation qui trouve principalement son origine dans la production d’huile de palme. « L’ampleur de la perte y est stupéfiante », précise Philip G. Curtis, auteur principal de l’étude. Ces résultats révèlent ainsi que malgré les engagements environnementaux pris par les gouvernements ou les entreprises, la déforestation associée aux produits agricoles primaires n’a pas diminué, mais a plutôt transité du Brésil vers l’Asie du Sud-Est ou ailleurs en Amérique latine.

* Caractérisée ici par «des opérations forestières à grande échelle se déroulant dans des forêts aménagées accompagnées de plantations d’arbres, avec des preuves de repousse de la forêt dans les années suivantes».

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