Le dégel de la calotte antarctique sous l’effet du réchauffement global introduit une grande complexité dans l’évolution future du climat. Aussi, une étude parue le 12 août appelle à une meilleure prise en compte des rejets d’icebergs et d’eau de fonte dans les projections futures. Elle montre entre autres que ces facteurs tendent à atténuer le réchauffement de l’hémisphère sud.
À mesure que la température de l’air et de l’eau s’élève, des parties de la calotte ouest antarctique deviennent instables. Ainsi, des quantités croissantes d’icebergs et d’eau de fonte sont libérées dans l’océan Austral – lesquelles s’échappent ensuite vers des latitudes plus nordiques. Or, comme le montre une nouvelle étude, l’accélération de ces rejets risque d’avoir un impact considérable sur le climat de l’hémisphère sud.
Une étude sans précédent sur le rôle des icebergs
L’étude s’est notamment concentrée sur le rôle des icebergs, peu étudié jusque-là. L’influence de ces derniers risque pourtant de ne pas être des moindres. En effet, ces glaçons géants libèrent de l’eau froide et douce à mesure qu’ils dérivent vers des contrées plus chaudes. Ce faisant, ils affectent la température et la salinité de l’océan sur leur passage – et donc sa stratification. Selon sa taille et sa trajectoire, la durée de vie d’un iceberg peut s’élever à plusieurs années.
Or, à l’avenir, on s’attend à une augmentation substantielle de leur nombre suite à l’accélération du processus de vêlage de la calotte sous l’effet du réchauffement. Il est donc important de savoir dans quelle mesure ils modifient le fonctionnement de la machine climatique.

Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé un modèle de climat couplé à la dynamique glaciaire. En effectuant plusieurs simulations – avec ou sans l’influence du vêlage -, ils ont évalué l’impact des icebergs à mesure que la calotte se déstabilisait. Il s’agit de la première étude qui quantifie explicitement l’importance de ce processus.
Ralentissement du réchauffement dans l’hémisphère sud
Un des principaux résultats est le ralentissement notable du réchauffement de l’hémisphère sud pendant la phase de déstabilisation de l’Antarctique de l’Ouest. L’énergie additionnelle servant notamment à faire fondre les icebergs et/ou réchauffer l’eau de fonte.
« En fonction de la rapidité avec laquelle l’inlandsis se désintègre, l’effet des icebergs peut retarder de 10 à 50 ans le réchauffement attendu dans des villes comme Buenos Aires ou Le Cap » souligne Axel Timmermann, co-auteur du papier. Dans le même temps, le niveau moyen des mers s’élèverait de plus de 80 centimètres d’ici 2100.
Par ailleurs, de précédents travaux ont avancé que la modification subséquente des courants marins induirait un réchauffement accéléré en sub-surface. Celui-ci tendrait alors à amplifier le recul de l’inlandsis en érodant les plateformes de glace par-dessous. Toutefois, en prenant en compte la dynamique des icebergs, ce cercle vicieux est fortement atténué.
« Nos résultats démontrent que les effets de l’eau de fonte et des icebergs doivent être inclus dans les simulations des changements climatiques futurs », indique Fabian Schloesser, auteur principal de l’étude. « Les modèles climatiques utilisés pour le sixième rapport du groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) ne tiennent pas compte de ces processus ».
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