Aujourd’hui justifiant d’une mer d’huile et d’un environnement paisible, ce lac naturel des Alpes implanté au coeur de la Savoie a subi, il y a plus de 11 000 ans, les affres d’un tsunami préhistorique. Savez-vous de quel lac français il s’agit ?
Le lac d’Aiguebelette, un plan d’eau préservé
D’une superficie de 545 hectares et d’une profondeur d’environ 70 mètres, le lac d’Aiguebelette est le septième plus grand lac naturel de l’Hexagone. Celui-ci est bordé à l’est par la chaîne de l’Épine et le mont Grelle, et à l’ouest par le mont Tournier.
Afin de préserver la qualité des eaux du lac et son environnement naturel, les embarcations à moteur thermiques y sont interdites depuis 1967. En 2015, le lac d’Aiguebelette devient la première réserve naturelle régionale d’eau douce française.
Un lac chargé d’histoire
La formation du lac d’Aiguebelette remonte au Jurassique, période géologique où de gigantesques masses de sédiments se déposent en milieu marin. Puis, à l’ère tertiaire, les reliefs commencent à émerger, dont la montagne de l’Epine et la chaîne du mont Tournier, bordant le futur lac.
À l’ère quaternaire, un glacier creuse une cuvette au pied d’une faille de la chaîne de l’Epine, atteignant une altitude de plus de mille mètres. À la fonte des glaces, le lac se remplit, l’eau s’écoulant par le point le plus bas, soit la faille située au pied du mont Tournier.
Un tsunami préhistorique sur le lac d’Aiguebelette
D’après les recherches des scientifiques de l’Université de Savoie Mont Blanc et du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), un glissement de terrain subaquatique se serait produit sous le lac d’Aiguebelette à la fin de la dernière glaciation il y a plus de 11 500 ans, provoquant un tsunami haut d’environ 3,7 mètres. Une découverte rare, notamment dans le cas d’eaux intérieures.
Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs ont pu recueillir de multiples données géologiques, étudiées ensuite via des techniques de stratigraphie sismique (étude de l’agencement spatial et de la succession temporelle des roches) et de bathymétrie (mesures du relief et de la profondeur).
Les risques d’un tsunami à l’ère du changement climatique
Les tsunamis intérieurs provoqués par un glissement de terrain comme ce fut le cas pour le lac d’Aiguebelette à l’ère de l’Holocène pourraient s’avérer plus courants avec le changement climatique, susceptibles de présenter des conséquences dévastatrices.
Selon les estimations des scientifiques, ces violentes inondations pourraient menacer plus de dix millions de personnes à travers le globe, vivant près de lacs instables endigués par de la roche meuble ou de la glace.