Les tsunamis ne sont pas des phénomènes méconnus. Toutefois, il est plus habituel d’en voir un se produire dans l’océan plutôt que dans un lac. Pourtant, c’est contre ce phénomène que des scientifiques suisses mettent en garde. En effet, d’après les archives historiques, le Lac Léman – plus grand lac naturel d’Europe de l’Ouest – a été le spectacle d’un raz-de-marée destructeur en 563. Celui-ci fut suffisamment puissant pour détruire le pont de Genève et pénétrer dans la ville.
L’origine de ce cataclysme n’est pas encore bien établie. Grâce à un travail d’étude du fond du lac avec des sonars puis des carottages, il a été découvert par datation au carbone 14 que le tsunami a eu lieu entre 381 et 612, corroborant ainsi les données historiques. Le scénario le plus probable et validé par modélisation numérique montre qu’un éboulement rocheux de 250 m3 provenant des montagnes a fini sa course dans le lac Léman. L’arrivée d’une telle masse a engendré des vagues hautes de 8 à 13 mètres.
Ce type de catastrophe n’est pas nouveau, c’est ainsi que l’une des plus grosses vagues observées s’est formée dans la baie de Lituya en Alaska en 1958. Cette masse d’eau isolée n’a pas empêché la formation d’un mur d’eau d’une hauteur de 60 mètres. Mais les rives étaient moins peuplées que celles actuelles du lac Léman. Aujourd’hui, ce sont plus d’un million de personnes vivant aux abords du lac, dont 200 000 à Genève.
« L’objet de notre article dans Nature n’était pas de faire du catastrophisme, se défend Stéphanie Girardclos, géologue à l’université de Genève. Mais nous avons voulu rappeler que dès qu’il y a une masse d’eau, il y a une potentialité de tsunami. » Si le lac Léman est une flaque, comparé aux océans dans lesquels se produisent habituellement les tsunamis, « ce n’est pas parce que cette masse d’eau est petite que le risque n’existe pas », insistent les chercheurs.
Sources : Le Messager, National Geographic, Nature bis, Université de Genève
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