L’absorption du CO2 par les forêts menace d’être divisée par 2 d’ici une vingtaine d’années

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Des mesures de terrain effectuées sur différents écosystèmes terrestres indiquent que la capture de carbone par ces derniers s’affaiblit rapidement. En conséquence et au rythme actuel, l’absorption de CO2 par les végétaux menace d’être réduite de moitié dès 2040. Les résultats ont été publiés dans la revue Science Advances ce 13 janvier. 

Les forêts capturent environ un quart du dioxyde de carbone (CO2) que nous rejetons dans l’atmosphère. On parle plus globalement de puits continental. Sans ce dernier, l’élévation des concentrations atmosphériques en gaz à effet de serre serait notablement plus élevée et le changement climatique plus rapide.

Cependant, cet effet modulateur dépend lui-même des conditions climatiques. En effet, plus le climat se réchauffe, moins la quantité de carbone fixé dans la biomasse est élevée. Toutefois, il existe d’importantes disparités entre les différentes régions du globe et les diverses espèces végétales.

forêt tropicale
Crédits : flickr.

Une capture de CO2 divisée par deux d’ici le milieu du siècle

Dans une étude parue ce mois-ci dans la revue Science Advances, des chercheurs ont tenté de préciser le moment à partir duquel les végétaux viennent à libérer plus de carbone qu’ils n’en séquestrent. Un point qui dépend d’un seuil thermique critique, variable d’une espèce à l’autre. Les résultats obtenus indiquent que d’ici le milieu du siècle, près de la moitié des plantes terrestres auront dépassé ce seuil si rien n’est fait pour limiter le réchauffement global.

Pour les forêts tropicales et boréales, c’est une diminution de 45 % de la capacité de stockage qui est attendue. Deux écosystèmes qui participent le plus largement au puits continental. Une évolution critique que l’on doit à un processus de respiration prenant le dessus sur celui de photosynthèse. En effet, la photosynthèse culmine à une certaine température puis décline au-delà – voir la figure ci-dessous. Une limitation qui n’existe pas pour le processus de respiration.

CO2
Dépendance des flux de carbone à la température. La photosynthèse en C3 (la plus répandue, en vert) et C4 (jaune) culmine à une certaine température puis décline au-delà. Aussi, on voit qu’une telle limitation n’existe pas pour la respiration (brun). Crédits : Katharyn A. Duffy & al. 2021.

« À des températures plus élevées, les taux de respiration continuent d’augmenter contrairement aux taux de photosynthèse en forte baisse », indique le papier. « Nous entrons rapidement dans des régimes de température où la productivité de la biosphère diminuera rapidement, remettant en question la viabilité future du puits continental. (…) L’horizon de basculement de la biosphère terrestre ne se situe pas à la fin du siècle ou au-delà, mais dans les 20 à 30 prochaines années ».

Limiter le réchauffement à 2 °C ?

Enfin, ces conclusions ont des implications sensibles quant aux objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat. Plus précisément, la capacité à rester sous les 2 °C a été pensée en partant du principe que le puits continental jouerait un rôle de soutien. Une hypothèse peu réaliste, d’autant plus lorsque l’on réalise que la déforestation se poursuit activement en pays tropical.

Notons que pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont utilisé des données récoltées entre 1991 et 2015 par le réseau d’observations mondial FLUXNET. Ce dernier permet de suivre avec un haut degré de précision les échanges de CO2 entre les végétaux et l’atmosphère. Incidemment, il s’agit de la première étude du genre à être publiée dans une revue scientifique à comité de lecture.

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