L’abattoir Sobeval réouvre sous la pression des syndicats, L214 s’insurge

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Crédits : L214

Suite la diffusion des images de L214 témoignant de la souffrance infligée aux animaux à l’abattoir Sobeval, l’État avait annoncé la suspension administrative de l’établissement. Mais les lobbies de l’agroalimentaire son puissants.

On rappelle les faits. Il y a quelques mois, l’abattoir Sobeval (leader européen de la production de viande de veaux) situé en Dordogne, a fait l’objet d’une enquête par l’association L214. Ces images, publiées en février dernier, ont révélé de graves manquements dans l’application des règles sanitaires en vigueur encadrant les processus d’abattage.

Concernant l’abattage sans étourdissement, qu’il soit halal ou casher, nous avions en effet appris que la plupart des veaux agonisent en toute conscience pendant plusieurs minutes. Par ailleurs, « alors que les animaux doivent être saignés d’un coup franc, certains employés effectuent des mouvements de scie pour leur trancher la gorge – ce qui accroît encore la douleur ressentie par les veaux« , avait ajouté l’association dans son compte-rendu.

Le processus d’abattage « standard » avait également été pointé du doigt. Dans cet établissement, les employés chargés de l’étourdissement des animaux sont en effet obligés de se présenter face à eux, ce qui provoque des réactions de fuite.

Résultat, le tir au pistolet à tige perforant devient très hasardeux, et la partie du crâne qui doit être ciblée ne l’est pas toujours. Il n’est donc pas rare que des veaux, attachés par les pattes, se réveillent soudainement avant d’être égorgés dans la panique.

Des mails qui embarrassent le ministère de l’Agriculture

Ceci étant dit, suite à cette enquête, L214 avait réclamé la fermeture immédiate de l’abattoir. Au départ, le Ministère de l’agriculture a fait la sourde oreille, affirmant que les non-conformités mises en évidence par ces images n’étaient « pas avérées« . Or, des fuites de mails internes, envoyés par erreur à L214 (la grosse boulette), ont révélé la fabrique du doute qui s’opère au sein des services de l’État.

Car, contrairement à ce qui a été déclaré à la presse, des infractions (NC = non-conformités) « indéniables, voire majeures » ont bel et bien été listées par les hauts fonctionnaires.

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Crédits : L214

Tout au long de la journée du 19 février, le ministère s’est ensuite activé, insistant sur la nécessité de noyer le poisson devant la presse : « Il nous faut des edl [éléments de langage] béton pour ce soir… « .

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Crédits : L214

Confronté à ces fuites de mails, Didier Guillaume a ensuite perdu son sang froid et arraché le micro des mains d’un journaliste de C à vous au salon de l’Agriculture. Comme on peut le voir ci-dessous, le ministre se rattrape aussitôt, conscient que son geste ne passerait auprès du public :

Fermeture, puis réouverture

Mis au pied du mur, le Ministère de l’agriculture a donc demandé qu’une inspection soit faite à l’abattoir Sobeval par la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires. Cet examen a finalement et officiellement révélé « un manque de maîtrise des conditions d’abattage des animaux par les salariés de l’abattoir« . L’État n’a donc pas eu d’autre choix que d’ordonner la fermeture administrative temporaire de l’établissement.

Les syndicats agricoles – les Jeunes Agriculteurs de Dordogne et la FDSEA 24 – n’ont bien évidemment pas apprécié la nouvelle. Et pour le faire savoir, ils ont manifesté ce mardi matin devant la préfecture de Dordogne, déposant au passage une tonne de fumier devant les portes de l’établissement.

Sous la pression, la préfecture de Dordogne a finalement annoncé ce mercredi la réouverture partielle de l’abattoir. Une décision « écoeurante« , selon L214, qui « illustre une fois de plus l’incompatibilité entre la défense d’intérêts économiques privés et la prise en compte de la souffrance animale« .

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