La zone du cerveau qui inhibe le désir de vengeance a été identifiée

colère
Crédits : Max Pixel

Des chercheurs suisses ont identifié la zone du cerveau capable d’empêcher un comportement agressif en réponse à la colère. Il s’agit du cortex préfrontal dorsolatéral (dlPFC), également impliqué dans la planification et les fonctions exécutives.

La colère prend principalement sa source dans le complexe amygdalien (amygdale cérébrale), qui joue également un rôle important dans la motivation, la peur et la pertinence des émotions. En revanche, le désir de vengeance est régulé par une toute autre zone. C’est ce qu’explique une étude menée par des chercheurs du Centre interfacultaire des sciences affectives de l’Université de Genève (Suisse), publiée dans la revue Nature le 12 juillet 2018.

Les scientifiques expliquent dans un communiqué que l’identification de la zone du cerveau en lien avec la colère a souvent fait l’objet de résultats qui s’opposaient. Le protocole des études a été pointé du doigt, puisque la colère n’était étudiée que de façon indirecte. Cela était fait par exemple en montrant des photos de personnes en colère, et en demandant aux volontaires de se remémorer des situations sources de colère pour eux.

« Les paradigmes dans lesquels les participants regardent des visages en colère, par exemple, peuvent simplement activer le concept de colère ou induire d’autres émotions, comme la peur ».

Dans leur étude sur 25 volontaires, les chercheurs suisses menés par Olga Klimecki-Lenz ont voulu localiser en temps réel les zones du cerveau qui réagissaient en cas de colère, et comprendre comment arrivait le sentiment de vengeance. Ces mêmes volontaires ont ensemble joué à un jeu vidéo économique baptisé Inequality Game. Il a été créé spécialement pour l’occasion et destiné à créer un sentiment d’injustice, offrant également la possibilité de se venger.

Chaque volontaire a donc joué avec deux autres joueurs suivant un programme informatique. Le premier – plutôt aimable – proposait des transactions financières gagnant-gagnant et envoyait des messages agréables. Le second cherchait en revanche à faire multiplier ses propres gains sans scrupules et se montrait agaçant dans ses messages.

Le volontaire provoqué se trouvait au même moment installé dans un appareil d’imagerie par résonance magnétique (IRM) permettant d’observer son activité cérébrale. Ce dernier était alors confronté aux images des deux joueurs et pouvait choisir de pénaliser ceux-ci. Les participants ont en majorité fait le choix de se venger du joueur jugé agaçant.

L’IRM a permis d’observer une activité du lobe temporal supérieur, mais surtout de l’amygdale. Plus la colère du volontaire était forte, plus l’activité de ces deux zones du cerveau était intense. Quant au sentiment de vengeance, un rôle crucial est assumé selon les chercheurs par le cortex dorsolatéral préfrontal (dlPFC). Ce dernier est actif dans la régulation des émotions, mais aussi dans la planification et les fonctions exécutives.

Il faut savoir que 11 des 25 volontaires sont tout de même restés patients envers le joueur agaçant. Or, les chercheurs ont observé que plus l’activité de ce dlPFC était importante durant la phase de provocation, moins le sentiment de vengeance était important. En revanche, lorsque l’activité du dlPFC était faible, le sentiment de vengeance était fort.

Il s’agit de la toute première fois que le rôle du dlPFC a été identifié concernant la vengeance. Il se distingue ainsi des zones gérant la colère. Les chercheurs pensent qu’une stimulation transmagnétique permettrait de diminuer les actes de vengeance, voire même de les supprimer totalement en jouant sur l’activité du dlPFC.

Sources : Sciences et Avenir – Medisquare

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