La vitesse du mouvement des yeux traduit les préférences de chacun

Crédits : Pexels / Mustafa ezz

Dans un magasin, deux options pour un même type de produit se présentent à vous et vous prenez le temps de faire votre choix. Selon des chercheurs américains, la vitesse avec laquelle le regard passe d’un produit à l’autre peut permettre de prédire le choix final.

Des processus inconscients dans le cerveau

Colin Korbisch, ingénieur en mécanique à l’Université du Colorado à Boulder (États-Unis), évoquait la notion de « saccade oculaire » dans une étude parue dans la revue Current Biology le 21 novembre 2022. Ce terme concerne un bref et rapide mouvement des yeux entre deux positions stables, à une vitesse se situant entre 400 à 800 °/s et durant moins de 50 millisecondes. Or, le but d’une saccade oculaire est de projeter très rapidement l’image d’un objet sur la fovéa, la zone de la rétine où la vision des détails est la plus précise.

Pour les chercheurs, il est question de processus inconscients se produisant dans le cerveau de manière quasi involontaire. Cette saccade oculaire peut trahir nos pensées intimes, notamment lorsque nous hésitons entre deux choix possibles. En effet, pour les meneurs de l’étude, la vitesse des yeux peut indiquer notre préférence.

choix produit
Crédits : Traitov / iStock

Une possible avancée scientifique

Les chercheurs ont mené une expérience incluant 22 volontaires. Ces derniers ont marché sur un tapis roulant, mais avant cela ils ont été contraints de faire un choix entre deux possibilités : une courte durée avec une pente raide ou une durée plus longue avec un chemin plus facile. Or, au moment de la phase de réflexion des participants, une caméra haute vitesse suivait les mouvements de leurs yeux. Selon les résultats, les saccades étaient au départ de vitesse similaire vers l’une ou l’autre option. Toutefois, au fur et à mesure que le temps passait, la vitesse de changement montrait que les participants se focalisaient davantage sur leur futur choix. Ainsi, il est possible de prévoir le choix des personnes, mais aussi de démontrer à quel point ce choix a été facile ou non.

Mais comment expliquer les mécanismes à l’œuvre ? Au moment d’une prise de décision, les neurones du champ oculaire frontal et du cortex pariétal augmentent leur activité. Ainsi, les yeux passent rapidement d’une option à une autre dans le but d’obtenir les informations nécessaires, ce qui permet ensuite de prendre la décision. Par ailleurs, cette prise de décision semble lever la suppression du colliculus supérieur, la région gérant les mouvements oculaires. Selon les chercheurs, l’augmentation de la vitesse des yeux découlerait directement de ce phénomène.

Enfin, cette hypothèse pourrait être à l’origine d’une véritable avancée scientifique. En effet, ce genre de processus de décision est habituellement mesuré à l’aide d’électrodes invasives au niveau du cerveau. Ainsi, la perspective d’effectuer des mesures plus simplement ouvrirait la porte à de nombreuses possibilités.