La visualisation mentale permettrait de maintenir sa force musculaire

Crédits : Tevaprapas / Wikimedia Commons

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le simple fait de pratiquer quelques exercices mentaux spécifiques lors d’une immobilisation permettrait de limiter la perte de force musculaire. C’est en tout cas la conclusion à laquelle est arrivée une équipe de chercheurs de l’université de l’Ohio (États-Unis). Explications.

À la suite d’une fracture, la frustration de ne plus pouvoir réaliser certaines tâches de la vie quotidienne s’accompagne bien souvent d’une atrophie musculaire au niveau du membre touché. Une perte de force qui nécessitera parfois un certain temps de réadaptation une fois la blessure soignée. Pour autant, une équipe de chercheurs vient de mettre en exergue une méthode qui permettrait de limiter cette faiblesse musculaire : faire de l’exercice mental !

Dans leur étude publiée dans la revue Journal of Neurophysiology, les scientifiques du Musculoskeletal and Neurological Institute à l’université de l’Ohio (États-Unis) sont en effet arrivés à la conclusion que le simple fait d’imaginer réaliser un exercice physique permettait de « renforcer ses muscles ».

Une étude qui a permis de constater l’effet positif de la pensée sur la perte de force musculaire

Pour arriver à ce constat, les chercheurs ont réalisé leur recherche sur une cohorte de 44 adultes à laquelle ils ont fait passer une série de tests durant 4 semaines. Les participants ont été divisés en deux groupes distincts : 19 ont été plâtrés au niveau du poignet et les 15 autres ont servi d’échantillon témoin. Enfin, parmi les individus immobilisés au niveau de l’avant-bras, 14 ont dû s’imaginer en train de contracter les muscles de leur poignet — 13 fois par séance, à raison de 5 séances par semaine — tandis que les autres n’avaient pas de tâches particulières à réaliser.

À l’issu de ces 4 semaines, les scientifiques ont noté que tous les individus plâtrés avaient perdu de la force en comparaison du groupe témoin, mais dans des proportions différentes. Alors que les personnes ayant effectué les exercices mentaux ont en moyenne perdu 24 % de leur force musculaire, ceux ne les ayant pas réalisés en ont perdu environ 45 %.

Une différence hautement significative entre les deux groupes qui suggère donc que la stimulation du cortex moteur à l’aide de visualisations permettrait de limiter la perte de force musculaire lors d’une immobilisation.

Un contrôle scientifique poussé

Durant les exercices de visualisation, les chercheurs ont pris soin de placer sur l’avant-bras de chaque participant des capteurs au niveau de la loge ventrale de l’avant-bras. Ils ont ainsi pu s’assurer, via électromyographie (EMG), qu’aucun muscle situé dans cette région n’avait été réellement activé au cours de ces séances. En parallèle, des mesures de l’activité neuronale au niveau du cortex moteur primaire ont également été réalisées, et ce, aussi bien au moment de l’effort mental que durant la phase de repos.

Si l’ensemble de l’étude s’est donc réalisée avec un contrôle scientifique extrêmement minutieux, les auteurs souhaiteraient néanmoins qu’elle soit poursuivie et approfondie dans le futur en y incluant notamment un test en double aveugle.

Source : Science & Vie

– Crédits photo : Tevaprapas.