Crédits : Shaun Wolfe

La véritable cause de de la mort des coraux

Une étude révèle que le réchauffement climatique n’est pas l’unique responsable du déclin des coraux. La pollution par l’azote l’est également. Et son influence serait peut-être même plus importante.

Partout dans le monde, les coraux se meurent. Alors que de nombreuses études ont accusé le réchauffement climatique et l’acidification des océans comme principaux responsables de ce déclin, une nouvelle étude suggère une autre cause – peut-être plus importante encore. Après avoir examiné 30 années de données sur la barrière de corail des Florida Keys, des chercheurs de l’Institut océanographique Harbour Branch (États-Unis) ont en effet découvert que l’augmentation des niveaux d’azote dans l’océan serait à blâmer. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Marine Biology.

Pollution par l’azote

Plus précisément, on apprend que c’est le ruissellement des eaux usées mal traitées, des terres arables et des engrais qui – en transportant dans l’océan de grandes concentrations d’azote -priverait les coraux de phosphore. Une véritable carence qui réduirait ainsi leur seuil de température de « blanchiment ». Autrement dit, les coraux exposés à trop d’azote sont beaucoup plus sensibles. Qu’il s’agisse de l’une ou l’autre de ces raisons, la responsabilité revient à l’Homme. Mais prendre conscience de cette nouvelle source de pollution pourrait permettre la mise en place de nouveaux moyens de lutte.

« Citer le changement climatique comme cause exclusive de la disparition des récifs coralliens dans le monde nous fait passer à côté du point crucial selon lequel la qualité de l’eau joue également un rôle, explique en effet James W. Porter, co-auteur de l’étude. Bien que les communautés riveraines des récifs coralliens ne puissent pas grand-chose pour lutter contre le réchauffement planétaire, elles peuvent en revanche tout faire pour réduire le ruissellement de l’azote. Notre étude montre que la lutte pour la préservation des récifs coralliens nécessite des actions locales, et pas seulement mondiales ».

Les Keys, un archipel d’îles tropicales au large de la pointe sud de l’État de Floride. Crédits : Wikipédia

« Nous pouvons faire quelque chose à propos du problème de l’azote »

Pour en arriver à ces résultats, les chercheurs ont prélevé des échantillons d’eau de mer et d’algues dans la région des Keys, en Floride, entre 1984 à 2014. Il en est ressorti que la pollution par l’azote, en provenance directe des Everglades (et donc de l’Homme) était le principal responsable du déclin des coraux. Et qu’elle était en constante augmentation. Résultat, les récifs prennent de moins en moins de place, car ils ne sont plus suffisamment remplacés. S’ils recouvraient 33 % de la région en 1984, il recouvrent aujourd’hui moins de 6 % du territoire.

« Le succès futur du plan global de restauration du corail reposera sur la reconnaissance des liens hydrologiques et azotés entre les Everglades et les Florida Keys, poursuit le chercheur. La bonne nouvelle est que nous pouvons faire quelque chose à propos du problème de l’azote, comme améliorer le traitement des eaux usées, réduire les intrants d’engrais et augmenter le stockage et le traitement des eaux pluviales dans la région ».

En réduisant la pollution par l’azote, nous pourrions ainsi rendre les coraux moins vulnérables. Et donc plus résistants face à l’autre menace qui pèse dessus, à savoir l’acidification des océans. Les eaux plus acides empêchent en effet les coraux de construire leur squelette, et donc de croître suffisamment pour engendrer d’autres coraux.

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Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.