La vente de semences paysannes aux jardiniers amateurs autorisée en France

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Crédits : Piotr Siedlecki / Public Domain Pictures

Après des années de combat face aux grands semenciers, notre pays vient d’autoriser la vente de semences paysannes. Si cette décision concerne seulement la vente aux jardiniers amateurs, il s’agit tout de même d’une victoire importante. Bientôt une autorisation à l’échelle de l’Europe concernant l’agriculture conventionnelle ?

Une loi particulièrement attendue

Les artisans semenciers peuvent sourire depuis la parution de la LOI n° 2020-699 du 10 juin 2020 relative à la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires. Désormais, ces derniers pourront vendre légalement des semences non inscrites au catalogue officiel. Jusqu’à aujourd’hui, ces mêmes artisans pouvaient seulement céder leurs semences à titre gratuit, non sans devoir respecter plusieurs contraintes sanitaires. La mesure concerne seulement la vente aux jardiniers amateurs (et aux collectivités publiques) mais il s’agit tout de même d’une victoire.

Par ailleurs, la loi évoque les semences traditionnelles ou nouvellement élaborées, relevant du domaine public, plus rares et garantes de la biodiversité. Rappelons au passage que 90 % des variétés agricoles traditionnelles ne sont plus cultivées. Il faut savoir que cette possibilité apparaissait dans la loi pour la reconquête de la biodiversité de 2016. En revanche, le Conseil constitutionnel avait censuré cette dernière. Autrement dit, seules les associations pouvaient continuer la pratique.

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Crédits : misskursovie2013 / Pixabay

Le combat continue !

Ainsi, la pratique visant à pérenniser l’existence des « semences oubliées » n’a jamais disparu. En effet, des associations telles que Kokopelli ont contribué à la culture et à l’échange de ces semences. Désormais, le commerce de ces semences sera plus libre et tous types d’opérateurs pourront l’assurer.

Pour Barbara Pompili, présidente LReM de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale à l’origine du projet de loi, le combat continue. La prochaine étape ? Permettre l’autorisation au niveau européen de la commercialisation des semences paysannes en agriculture conventionnelle. Toutefois, il faudra s’armer de patience. En effet, le contrepoids écrasant exercé par l’industrie agroalimentaire est très imposant.

Il est vrai qu’après la Seconde Guerre mondiale, le mode d’agriculture industriel américain a envahi l’Europe, notamment par le biais du maïs hybride. Aujourd’hui, les variétés hybrides F1 sont synonymes de standardisation, de dépendance des agriculteurs et évidemment d’une perte de qualité au niveau gustatif. Rappelons également que l’installation des variétés hybrides F1 en Europe a en grande partie détruit les savoirs ancestraux liés aux modes de culture et à l’organisation de l’espace agricole. Même les circuits allant de la production à la commercialisation ont été modifiés, s’inscrivant dans une logique ultra productive et globalisée qui est celle en vigueur aujourd’hui.