La Terre primitive était peut-être un monde entièrement « aquatique »

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Crédits : Pixabay

Une étude géologique menée en Australie suggère que la Terre était probablement recouverte par un océan mondial il y a plus de trois milliards d’années.

Notre planète arbore aujourd’hui plusieurs continents, mais cela n’a pas toujours le cas. Nous savons que ces « masses terrestres » se sont formées principalement grâce au processus de subduction lié à la tectonique des plaques. Mais quand ces événements se sont-ils opérés pour la première fois ?

Une étude menée en Australie publiée dans la revue Nature Geoscience laisse à penser que ce n’était toujours pas le cas il a 3,2 milliards d’années. À l’époque, notre planète était essentiellement recouverte d’eau.

Des indices dans l’outback australien

Pour ces travaux, le géologue Boswell Wing et son équipe de l’Université du Colorado à Boulder se sont rendus au nord-ouest de l’Australie. De nos jours, ces vastes régions inhabitées (outback) sont très arides, broussailleuses et traversées par des lits de rivière asséchés. Toutefois, il y a 3,2 milliards d’années, elles tapissaient le fond de l’océan. Et plus intéressant encore, ce site géologique présente également une ancienne dalle de fond océanique qui a été retournée.

C’était une occasion unique pour les chercheurs de recueillir des indices sur la chimie de l’eau de mer il y a des milliards d’années. « Il n’y a aucun échantillon d’eau vraiment ancienne qui traîne ici, mais nous avons des roches qui ont interagi avec elle, et qui se souviennent de ces interactions« , explique Benjamin Johnson, coauteur de l’étude.

Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont analysé les données de plus de cent échantillons de roche. Ils se sont en particulier concentrés sur les rapports de deux isotopes d’oxygène : l’oxygen-18 et l’oxygen-16. Le premier est un peu plus lourd et le second un peu plus léger.

Terre
Ce sol de basalte tapissait le fond marin il y a environ 3,2 milliards d’années. Crédits : Benjamin Johnson

Un monde essentiellement « aquatique »

Cette étude montre que le rapport entre ces deux isotopes était légèrement différent de celui enregistré actuellement au fond des océans. Plus précisément, il semblait y avoir un peu plus d’atomes d’oxygène 18 au niveau de la croûte océanique. Ces différences sont très faibles, mais elles pourraient avoir de grandes implications.

En effet, nous savons que les masses terrestres d’aujourd’hui sont recouvertes de sols riches en argile. Ces derniers absorbent davantage les isotopes d’oxygène plus lourds de l’eau (l’oxygène 18). Le fait qu’il y ait une concentration plus élevée de ces isotopes dans les océans anciens suggère qu’il n’y avait tout simplement pas de continents riches en sols argileux autour pour les aspirer.

Ces signatures chimiques révélatrices, repérées dans un ancien morceau de croûte océanique, semblent donc suggérer que notre planète était autrefois recouverte d’eau.

D’après les chercheurs, cela ne signifie pas nécessairement qu’il n’y avait pas de terres émergées. « Ce que nous pensons, c’est qu’il n’y avait probablement pas de sols continentaux à l’échelle mondiale comme nous pouvons en voir aujourd’hui« , précisent-ils. À l’époque, le monde était donc probablement tapissé de vastes étendues d’eau avec de petits îlots rocheux volcaniques dépassant à peine de la surface de l’océan, ici et là.

Si elle se confirme, cette étude soulève donc une question importante : quand la tectonique des plaques a-t-elle relevé les terres qui deviendront plus tard les continents ? Les chercheurs l’ignorent encore pour le moment. C’est pourquoi ils ambitionnent de poursuivre leurs travaux sur d’autres sites plus jeunes. Ils pourront ainsi repérer le moment où les masses terrestres ont fait leur apparition.

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