La Terre a perdu 28 000 milliards de tonnes de glace ces 20 dernières années

Crédits : Calyponte / Wikimedia Commons.

Une des conséquences les plus directes du réchauffement climatique est l’altération des milieux marqués par la présence de glace. Pour la première fois, des scientifiques britanniques ont pu quantifier la perte de masse totale survenue entre 1994 et 2017. Des données obtenues grâce à la combinaison d’observations satellitaires et de modélisations numériques.

Les résultats – qualifiés de stupéfiants par les auteurs – révèlent une perte chiffrée à 28 billions de tonnes de glace. Autrement dit, 28 mille milliards ou encore le nombre 28 suivi de 12 zéros. Pour donner une idée, cela suffirait à recouvrir l’ensemble du Royaume-Uni d’une calotte de 100 mètres d’épaisseur.

« Dans le passé, les chercheurs ont étudié des zones individuelles – telles que l’Antarctique ou le Groenland – où la glace fondait. Mais c’est la première fois que l’on regarde toute la glace qui a disparu de la planète dans son entièreté » note Andrew Shepherd, un des co-auteurs du papier.

Recul des glaces et niveau de la mer

Au cours de la période étudiée, l’Antarctique a contribué pour environ 10 trillions de tonnes à la perte totale, la banquise arctique pour 7,6 trillions, les glaciers de montagnes pour 6,2 trillions et enfin le Groenland pour 3,8 trillions. Néanmoins, il faut noter que tout ne participe pas à rehausser le niveau de la mer. En effet, seul l’altération des glaces continentales contribue réellement au phénomène – environ 46 % du total. Selon les chercheurs, l’élévation associée est de l’ordre de 3,5 centimètres en moyenne globale.

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Évolution cumulée de la perte de glace (en milliards de tonnes) entre 1994 et 2017. La contribution de chaque type de glace est indiquée en couleurs. De plus, l’effet sur le niveau de la mer est reporté sur l’axe de droite. Crédits : Thomas Slater & al. 2020.

« Pour mettre cela en contexte, chaque centimètre d’élévation du niveau de la mer signifie qu’environ un million de personnes seront déplacées » souligne Andrew Shepherd. Or, la vitesse à laquelle la perte de glace se produit s’accélère. Entre 1994 et 2017, elle est passée de 0,8 trillion de tonnes par an à 1,2 trillion de tonnes par an. Une hausse de 57 %. Aussi, le niveau de la mer continuera à monter et ce de plus en plus rapidement.

Moins de glace, plus de réchauffement

En outre, le recul des zones englacées fait que la planète réfléchit de moins en moins de rayonnement solaire. C’est-à-dire que son albédo tend à diminuer. Un effet qui renforce encore un peu plus le réchauffement planétaire, toutes choses égales par ailleurs. Un cercle vicieux. Enfin, le document publié dans The Cryosphere Discussions ce 14 août rapporte que l’évolution constatée correspond au scénario le plus pessimiste avancé par le GIEC – le Groupe  d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat. Des résultats qui arrivent peu de temps après une étude annonçant que la calotte groenlandaise avait désormais passé un point de non-retour.

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