La surveillance chinoise entre littĂ©ralement dans les tĂȘtes des travailleurs

Crédits : Wikimedia Commons / Steve Jurvetson

Vous vous sentez mal Ă  l’aise Ă  chaque fois que votre patron(ne) jette un coup d’Ɠil à votre travail par-dessus votre Ă©paule ? Soyez reconnaissant qu’il ou elle ne regarde pas directement dans votre cerveau, car c’est maintenant le cas pour un certain nombre de travailleurs en Chine.

Selon un rapport du South China Morning Post (SCMP), un systĂšme de « surveillance Ă©motionnelle » – rĂ©sultat d’un projet soutenu par le gouvernement – permet aujourd’hui Ă  certains superviseurs d’examiner les ondes cĂ©rĂ©brales de leurs employĂ©s Ă  la recherche de signes de dĂ©tresse. Des capteurs lĂ©gers intĂ©grĂ©s dans des casques – ou chapeaux – transmettent ici les donnĂ©es des ondes cĂ©rĂ©brales de l’utilisateur vers un ordinateur, un peu comme un Ă©lectroencĂ©phalogramme (EEG). Ensuite, des algorithmes d’intelligence artificielle (IA) analysent les donnĂ©es, Ă  la recherche de valeurs alarmantes pouvant indiquer de l’anxiĂ©tĂ© ou un sentiment de colĂšre.

Nous ne savons pas exactement combien de travailleurs chinois ont Ă©tĂ© soumis Ă  ce systĂšme de surveillance, mais l’article du SCMP suggĂšre que la technologie est dĂ©jĂ  dĂ©ployĂ©e «à une Ă©chelle sans prĂ©cĂ©dent» en Chine. Au moins une douzaine d’usines et d’entreprises chinoises seraient concernĂ©es, peut-on lire, Ă  l’instar de la sociĂ©tĂ© Hangzhou Zhongheng Electric, ou de l’entreprise State Grid Zhejiang Electric Power, qui fournit de l’Ă©lectricitĂ© Ă  la province du Zhejiang. En rĂ©duisant le nombre d’erreurs humaines, la technologie aurait permis d’augmenter ses gains de prĂšs de 2 milliards de Yuans, soit 315 millions de dollars depuis 2014. L’armĂ©e nationale, les sociĂ©tĂ©s de transport public et diverses entreprises d’État l’utiliseraient Ă©galement.

Pour les employeurs, l’idĂ©e consiste en effet Ă  dĂ©celer la dĂ©tresse Ă©motionnelle chez les travailleurs avant qu’elle ne puisse causer un problĂšme. Une maniĂšre de maintenir le moral des troupes en optimisant le rythme de production et en rĂ©ajustant les charges de travail. «Lorsque le systĂšme Ă©met un avertissement, le directeur demande au travailleur de prendre un jour de congĂ© ou de passer Ă  un poste moins critique», explique Jin Jia, professeur associĂ© Ă  l’UniversitĂ© de Ningbo (Chine), qui abrite l’un des principaux centres de recherche du projet. «Certains emplois exigent une forte concentration. Il n’y a pas de place pour l’erreur».

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