Parker Solar Probe
La sonde Parker Solar Probe - Crédits : NASA

La sonde Parker transmet sa première mise à jour après une approche record du Soleil

La sonde solaire Parker de la NASA, l’un des engins spatiaux les plus audacieux de l’histoire, a franchi une étape majeure en décembre 2024. Après un survol à seulement 6,1 millions de kilomètres de la surface du Soleil, un record historique, la sonde a transmis ses premières mises à jour, confirmant son bon fonctionnement et la collecte de données scientifiques inédites.

Un record de proximité et de vitesse

Le 26 décembre dernier, la sonde Parker a effectué un survol rapproché du Soleil, atteignant une vitesse inégalée de 690 000 km/h. Ce record impressionnant correspond à un déplacement de Tokyo à Washington en une minute seulement. Elle a également battu son propre record de proximité en s’approchant à 6,1 millions de kilomètres de la surface solaire, une prouesse rendue possible grâce à sa conception innovante.

Pour survivre à ces conditions extrêmes, la sonde est équipée d’un bouclier thermique révolutionnaire de 11,4 cm d’épaisseur, capable de résister à des températures atteignant 982 °C. Malgré la chaleur intense de la couronne solaire, Parker a réussi à transmettre un signal confirmant son bon fonctionnement peu après minuit le 26 décembre, soulageant et ravissant les équipes au sol.

Le 1er janvier 2025, les scientifiques du laboratoire de physique appliquée de l’université Johns Hopkins ont ensuite reçu des données télémétriques confirmant que la sonde et ses instruments étaient toujours en parfait état. Plus précisément, les données ont montré que Parker avait exécuté les commandes qui avaient été programmées dans ses ordinateurs de vol avant le survol, et que ses instruments scientifiques étaient opérationnels pendant le survol lui-même. La confirmation de ces mises à jour a rassuré l’équipe au sol et ravivé l’enthousiasme pour les découvertes à venir.

Un regard sur le mystère de la couronne solaire

Notez que la transmission des données scientifiques débutera plus tard ce mois-ci, lorsque le vaisseau et son antenne seront mieux alignés avec la Terre pour transmettre à des débits plus élevés.

Ces données pourraient permettre de répondre à plus interrogations. L’un des phénomènes les plus intrigants du Soleil est le paradoxe de la température de sa couronne. Contrairement à ce que l’on pourrait intuitivement penser, la surface visible du Soleil, appelée photosphère, atteint des températures d’environ 5 500 °C. Cependant, l’atmosphère extérieure du Soleil, ou couronne, dépasse allègrement les 1 à 2 millions de degrés Celsius, et ce, malgré son éloignement apparent de la source principale de chaleur.

Ce paradoxe, connu sous le nom de « problème de la couronne », défie depuis des décennies les modèles classiques de transfert thermique. Les scientifiques soupçonnent que cette chaleur extrême pourrait être liée à des phénomènes spécifiques tels que les ondes d’Alfvén, des oscillations magnétiques qui se déplacent le long des lignes de champ magnétique du Soleil, ou à des reconnections magnétiques rapides qui libèrent d’énormes quantités d’énergie.

La sonde Parker, grâce à ses instruments sensibles, est la mieux équipée pour explorer directement cette région cruciale du Soleil. En s’approchant plus près que n’importe quel autre engin spatial, elle peut observer ces interactions énergétiques de manière directe et mesurer les champs magnétiques, les particules chargées et les ondes plasmatiques dans la couronne. Les données collectées pourraient enfin permettre de comprendre comment cette énergie est transférée et dissipée dans l’atmosphère solaire.

sonde Parker Soleil
Le 24 décembre, la sonde Parker s’est approchée à 6,1 millions de kilomètres du Soleil. Il est peu probable qu’elle s’approche beaucoup plus de notre étoile avant la fin de sa mission. Crédits : NASA/Johns Hopkins APL/Steve Gribben

Les vents solaires : un autre défi scientifique

Outre la couronne, Parker cherche également à éclaircir le fonctionnement des vents solaires, ces flux continus de particules chargées éjectées par le Soleil. Ces vents, constitués principalement d’électrons et de protons, se déplacent à des vitesses pouvant atteindre 800 km/s, transportant avec eux un champ magnétique interplanétaire.

Sur Terre, les vents solaires sont responsables de phénomènes naturels spectaculaires tels que les aurores boréales et australes. Cependant, ils peuvent également perturber les satellites, les réseaux de communication, et même les réseaux électriques au sol. Lors d’éruptions solaires massives, les rafales intenses de ces particules peuvent causer des tempêtes géomagnétiques, mettant en péril les infrastructures technologiques modernes.

Un des objectifs majeurs de Parker est d’étudier les origines de ces vents solaires et de comprendre comment ils accélèrent si rapidement après avoir quitté la surface du Soleil. Les chercheurs souhaitent également déterminer pourquoi certains vents sont si turbulents, alors que d’autres maintiennent une structure relativement stable.

Les instruments embarqués de Parker mesurent les variations de vitesse, de densité et de composition chimique des vents solaires, offrant un aperçu inégalé des processus à l’origine de ces flux énergétiques. Les observations aideront à élaborer des modèles plus précis pour prédire l’activité solaire et minimiser ses impacts potentiels sur les technologies humaines.

Notez enfin que la mission de Parker est loin d’être terminée. Deux autres survols rapprochés sont prévus pour 2025, en mars et en juin. Chaque passage rapproché promet d’enrichir notre compréhension du Soleil et de ses processus.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.