Dans le cadre d’une récente étude, des chercheurs italiens ont présenté un système expérimental permettant de localiser et suivre une personne grâce au Wi-Fi. Ce système se base sur la signature corporelle d’un individu grâce aux perturbations que ce dernier induit au sein du réseau. Baptisé WhoFi, le dispositif se passe de capteurs et de caméras de surveillance.
Quand le Wi-Fi devient un genre de traceur
Ayant fait son apparition à la fin des années 1990, le Wi-Fi a depuis fait l’objet de certaines améliorations. Il est même parfois question d’innovations ayant recours à cette technologie. En 2024 par exemple, des chercheurs étasuniens ont étudié la possibilité de capter des signaux Wi-Fi dans l’air pour alimenter en électricité de petits appareils électroniques.
Au département d’informatique de l’Université de La Sapienza à Rome (Italie), des chercheurs ont présenté un système expérimental étonnant. Il est question d’un dispositif capable de capter la signature corporelle d’un individu au moyen des seules perturbations que celui-ci induit au sein d’un réseau Wi-Fi. Comme l’explique une publication sur la plateforme arXiv le 4 aout 2025, le procédé produit une sorte d’empreinte qu’il serait possible d’utiliser pour localiser, suivre dans l’espace et peut-être même identifier une personne dans un autre environnement (ré-identification). Se passant de caméra de surveillance ou autre capteur, le système portant le nom de WhoFi pourrait rendre totalement obsolète la reconnaissance faciale, une technologie déjà très controversée. Le constat est simple : si l’environnement dans lequel nous nous déplaçons devient lui-même une sorte de traceur, le WhoFi pourrait devenir l’outil de surveillance ultime.
« Si les méthodes traditionnelles reposent sur des données visuelles, des problèmes tels qu’un mauvais éclairage, une occlusion et des angles sous-optimaux nuisent souvent à leurs performances. Pour relever ces défis, nous présentons WhoFi, un nouveau tunnel utilisant les signaux Wi-Fi pour la ré-identification des personnes. », peut-on lire dans l’étude.

Établir un profil unique pour chaque individu
Dans leur étude, les chercheurs ont évoqué la notion de « motif de perturbation », qu’un corps humain induit en déformant les ondes Wi-Fi au sein d’un espace. Or, ces déformations sont le résultat de la morphologie de la personne mais également, de sa posture et ses micro-mouvements. Le système WhoFi prend donc en compte ces variations afin d’établir un profil unique pour chaque individu, une sorte d’empreinte corporelle qui pourrait permettre une ré-identification dans un autre lieu, à condition que ce dernier soit également équipé de capteurs Wi-Fi et que la signature reste stable. Plus précisément, le système a eu recours au Channel State Information (CSI), un indicateur technique capable de mesurer avec précision la façon dont un signal change durant son trajet entre l’émetteur et le récepteur. L’empreinte provient donc de la déformation du signal (forme, intensité, phase) lorsque ce dernier traverse un corps.
Lors de leurs tests, les scientifiques, ont modifié des routeurs classiques afin de capter ces variations, avant d’injecter ces dernières dans un algorithme d’apprentissage automatique. L’IA extrait ensuite ces informations pour chaque profil afin de coder les caractéristiques physiques des personnes. Pour l’heure, les essais sur 14 personnes ont permis d’annoncer un taux de réussite de 95%, un résultat inédit en ce qui concerne les dispositifs de détection par ondes. En revanche, il est important de souligner que ces travaux ont seulement fait l’objet d’une pré-publication. Autrement dit, l’étude n’a pas encore été validée par des pairs et ses résultats doivent être considérés avec prudence.
