Fin décembre 2022, la tempête Elliott a durement touché l’est des États-Unis. Or, cet important aléa climatique a été proche de causer un désastre énergétique se caractérisant notamment par l’effondrement de sa grille électrique.
Une organisation générale à revoir ?
Qualifiée de « blizzard du siècle » par la gouverneure de l’État de New-York, Kathy Hochul, la tempête Elliott a provoqué la mort de plus de 90 personnes à travers les États-Unis entre le 21 et le 26 décembre 2022. Comme l’explique Bloomberg dans un article du 4 janvier 2023, le vortex polaire a failli engendrer un véritable désastre énergétique. Sur toute la partie est du pays, pas moins de 65 millions de personnes ont été proches d’une coupure générale de courant.
Par ailleurs, cette affaire rappelle la vague de froid intense ayant violemment touché le Texas durant l’hiver 2021, s’accompagnant d’un effondrement du réseau électrique. Ce type d’événement rappelle la nature de l’organisation du marché électrique étasunien. En effet, il est question de multiples grilles approximativement connectées dans de plus grands ensembles ainsi que d’opérateurs éparpillés et en concurrence.
Dans le cas de la tempête Elliott, l’un des deux réseaux majeurs de courant alternatif des États-Unis – l’Eastern Interconnection – est passé tout près de la catastrophe.

Une perte de 31 gigawatts de capacité électrique
L’opérateur Duke Energy en Caroline du Nord a été le premier à rendre les armes, en imposant notamment des blackouts partiels à sa clientèle le soir de Noël. Il faut dire que la hausse attendue de la demande en énergie à cette période n’était pas compatible avec la capacité de l’opérateur à générer er distribuer cette même énergie. Ainsi, pas moins de 500 000 foyers et entreprises ont été privés d’électricité le soir du réveillon. De plus, les responsables avaient annoncé des coupures de seulement quelques dizaines de minutes mais le fait est que certaines de ces interruptions ont été bien plus longues.
Selon Duke Energy et les décideurs politiques de Caroline du Nord, il s’agissait de protéger le réseau électrique et la fiabilité du système. L’objectif ? Éviter des coupures potentiellement plus larges et plus longues. Selon certains observateurs, ces blackouts ont permis d’éviter le pire au reste du pays. Néanmoins, les opérateurs d’autres états proches ont adopté des mesures similaires. Dans certains cas, les blackouts ont été évités mais la population a été invitée à une certaine sobriété en termes de consommation électrique.
En réalité, le plus gros du problème provenait de l’opérateur géant PJM, ayant perdu 31 gigawatts de capacité qui, habituellement, auraient été distribués aux différents états de l’est des États-Unis. Or, cette société a coupé ses exports d’électricité et aurait donc permis d’éviter l’effondrement total du système. Concernant les causes de ce fiasco, certains évoquent une électrification trop rapide du chauffage d’une partie des foyers du pays. Ainsi, la capacité de transmission pour cette grande quantité d’électricité n’a pas été suffisante pour alimenter les lieux concernés par une forte demande.