La probabilité d’ouragans extrêmes a été multipliée par 3 au cours des 100 dernières années

ouragan cyclone
Crédits : flickr / RAMMB.

Les ouragans atlantiques tendent à devenir de plus en plus destructeurs. C’est en tout cas ce que démontre une étude parue le 11 novembre dernier dans la revue scientifique PNAS. En effet, grâce à l’élaboration d’une métrique originale capable d’isoler l’effet climatique, les chercheurs ont trouvé une multiplication par trois des événements les plus dommageables au cours des cent dernières années.

Quelques arguments simples permettent d’apprécier la façon dont les ouragans évoluent avec le réchauffement planétaire. Parmi eux, le fait que l’océan absorbe plus de 90 % de l’énergie piégée par les gaz à effet de serre anthropiques augmente la probabilité d’apparition de cyclones intenses. En effet, la température de l’océan est un paramètre critique dans le développement et l’intensification d’un tourbillon tropical. Par ailleurs, un air plus chaud peut contenir plus de vapeur d’eau. De fait, les risques associés aux précipitations sont majorés. Enfin, la hausse du niveau de la mer accentue l’ampleur des submersions marines, l’océan s’infiltrant parfois dans les terres de façon catastrophique.

cyclone ouragan
Ouragan Bob en 1991. Crédits : Needpix.

Ainsi, collectivement, les cyclones tropicaux ont un risque de présence de plus en plus important. Il s’agit d’une tendance critique quand on sait que ce sont les phénomènes naturels les plus destructeurs pour des pays comme les États-Unis. Et il en va de même pour les nombreuses îles situées sur leur trajectoire. Aussi, l’évolution des dommages économiques liés aux ouragans montre une très nette tendance à la hausse.

Évolution des dommages liés aux ouragans : le cas des États-Unis

Cependant, ces séries doivent d’abord être normalisées avant que l’on puisse en tirer quelque conclusion que ce soit. En effet, les dégâts et pertes économiques associées à un ouragan donné ne seront pas les mêmes en 2015 qu’il y a cent ans de ça. Le nombre de biens, leur exposition ainsi que la fraction assurée ayant été décuplée au fil des années. Jusqu’à présent, une augmentation des dommages dans les séries normalisées n’a pas été clairement observée.

Dans une étude parue le 11 novembre dans PNAS, des chercheurs ont développé une nouvelle métrique permettant d’isoler l’effet lié au climat. Elle repose sur l’évaluation de la surface concernée par les dégâts (indice ATD ou area of total destruction). Selon les auteurs, cette mesure présente un meilleur rapport signal sur bruit en comparaison des précédentes techniques de normalisation. Par conséquent, il est plus facile de détecter la présence d’un éventuel signal climatique. Or, c’est bien ce que les chercheurs ont constaté.

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Valeur de l’ATD au fil des décennies. Notez le pic au cours de la décennie 2000. Crédits : A. Grinsted & coll. 2019.

Des phénomènes de plus en plus destructeurs

« Nous estimons que la fréquence des cyclones les plus dommageables a triplé au cours du siècle dernier », indique Aslak Grinsted, auteur principal de ces travaux. Plus précisément, elle a augmenté de 330 %. En tout, plus de 240 phénomènes tropicaux ayant concerné les États-Unis ont été analysés sur la période couverte par l’étude s’étendant de 1900 à 2018. Comme on peut le voir sur la figure plus haut, c’est la décennie 2000 qui a vu l’ATD la plus élevée.

« Nos données révèlent une tendance positive émergente dans les dommages que nous attribuons à un changement détectable des cyclones extrêmes en raison du réchauffement de la planète », peut-on lire dans le résumé de l’article.

En conclusion, les ouragans tendent à devenir plus destructeurs et pas seulement suite à la multiplication des biens assurés ou leur plus grande exposition, etc. Si l’étude s’est concentrée sur les États-Unis, il est probable que des tendances semblables existent ailleurs dans le monde. L’utilisation de cette nouvelle métrique dans le cadre d’une analyse plus globale devrait faire l’objet de futurs travaux.

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