La première patrie d’Homo Sapiens en dehors de l’Afrique a été identifiée

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Crédits : gorodenkoff/istock

Il y a environ 60 000 à 70 000 ans, un événement majeur s’est produit dans l’histoire de l’humanité : une partie de la population Homo sapiens a quitté l’Afrique. Cet épisode aura marqué le début d’une vague de migrations qui façonna le cours de notre évolution. Pourtant, malgré l’importance de cette période, de nombreuses zones d’ombre subsistent quant au destin de ces premiers humains. Grâce à une combinaison unique de preuves, des scientifiques ont récemment pu éclairer une partie de ces énigmes.

Les premières migrations hors d’Afriques

De plus en plus de données suggèrent que la colonisation de l’Eurasie par Homo sapiens n’a pas été un processus linéaire. Les découvertes fossiles et archéologiques soutiennent en effet l’idée que plusieurs migrations ont eu lieu hors d’Afrique, s’étendant de la fin du Pléistocène moyen au Pléistocène supérieur. Ces migrations ont également laissé des traces dans le génome des Néandertaliens qui témoignent des croisements qui ont eu lieu lorsque les humains ont atteint l’Eurasie.

Les premières migrations ont probablement été accompagnées de contractions et d’extinctions de populations, mais une vague ultérieure, entre environ 70 000 et 60 000 ans auparavant, aurait finalement abouti à la colonisation réussie de l’Eurasie par les ancêtres de tous les non-Africains modernes. Une colonisation stable et étendue de l’Eurasie semble ensuite s’être produite il y a environ 45 000 ans, résultant de multiples expansions de population associées à diverses avancées technologiques dans la fabrication d’outils en pierre.

Ainsi, on observe un écart temporel d’environ 20 000 ans entre la sortie d’Afrique d’Homo Sapiens (il y a environ 70 000 à 60 000 ans) et la colonisation stable de l’Eurasie occidentale et orientale (il y a environ 45 000 ans). Cependant, les détails sur la situation géographique et les caractéristiques génétiques de cette population restent peu connus.

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Crédits : gorodenkoff/iStock

Le plateau perse comme carrefour pour Homo Sapiens

Dans le cadre de récents travaux, des chercheurs ont combiné des preuves génétiques et des modèles paléoécologiques pour déduire l’emplacement géographique ayant servi de plaque tournante pour notre espèce pendant les premières phases de la colonisation de l’Eurasie. Il semblerait que les populations du plateau perse portent une composante d’ascendance qui correspond étroitement à la population qui s’est installée dans le Hub en dehors de l’Afrique.

Grâce à des données paléoclimatiques, les chercheurs ont également construit des modèles écologiques montrant que le plateau perse était effectivement propice à l’occupation. Situé à l’est des monts Zagros, dans l’Iran moderne, ainsi qu’en Afghanistan et au Pakistan, la région était entourée par la mer Caspienne, le golfe Persique et la Méditerranée, en faisant un lieu idéal pour le développement des humains. La région aurait en effet pu accueillir une population plus importante que d’autres régions d’Asie occidentale, renforçant ainsi cette affirmation. De plus, sa position géographique stratégique en faisait un point de départ idéal pour les vagues successives de migrations.

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Le plateau perse (alias plateau iranien) est situé à l’est des montagnes du Zagros (représentées en rose violet).
Crédits : Terpsichores via Wikimedia Commons

Si l’on en croit ces travaux, le plateau perse aurait alors servi de foyer à nos ancêtres pendant environ 20 000 ans, offrant un refuge et un lieu de développement avant leur dispersion à travers l’Eurasie et au-delà.

Ces nouvelles découvertes jettent une lumière précieuse sur l’histoire ancienne de l’humanité, tout en mettant en évidence les complexités des migrations hors d’Afrique. Elles enrichissent notre compréhension des interactions entre les différentes populations humaines et soulignent le rôle central du plateau perse dans ces mouvements. En continuant à explorer cette région riche en histoire, les chercheurs espèrent combler les lacunes qui subsistent, dévoilant ainsi davantage de détails sur l’évolution de notre espèce et ses migrations à travers le monde.

L’étude est publiée dans la revue Nature Communications.