La première greffe de tête sur un corps étranger va être réalisée en 2016

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Atteint d’une grave maladie dégénérative qui le condamne, un Russe a accepté d’être le premier homme à expérimenter la greffe de sa propre tête sur le corps d’une autre personne. Une opération qu’il confie à Sergio Canavero, un chirurgien italien controversé.

Il s’appelle Valeri Spiridonov, un russe âgé de trente ans et il est atteint d’une grave maladie dégénérative, celle de Werdnig-Hoffman. Cette maladie qui atrophie ses muscles et le cloue dans un fauteuil est génétique et incurable, condamnant les personnes qui en souffrent à ne pas dépasser l’âge de 20 ans en général.

Se sachant condamné, il a accepté une opération très controversée dans la communauté scientifique, une première mondiale qui consiste à transplanter sa tête sur un corps sain, une opération qui sera assurée par le chirurgien italien Sergio Canavero. C’est ce chirurgien qui annonçait déjà en 2013 que les greffes de têtes humaines seraient réalisables dans un avenir proche estimé à deux ans.

Les deux hommes ne se sont entretenus que par l’intermédiaire de Skype pour le moment, mais Valeri Spiridonov est bien décidé à franchir ce « pas désespéré », car il « veut saisir cette chance d’avoir un nouveau corps avant de mourir », a-t-il expliqué dans le média russe Gazeta. Conscient de sa condition et du très peu de temps qu’il lui reste à vivre, il souhaite là tenter ce qu’il considère comme sa dernière chance de vivre. « Si j’ai peur? Bien sûr, mais je n’ai pas beaucoup d’autres solutions. Si je laisse passer cette chance, mon sort ne sera pas enviable. Chaque année mon état se dégrade » a t’il confié au Dailymail.

L’opération

Trois ans après avoir annoncé la faisabilité de ce type de greffe, Sergio Canavero sera donc bien le premier chirurgien à tenter cette opération coûteuse, estimée autour de 10 millions d’euros, longue de 36 heures et qui nécessitera le corps d’un donneur en état de mort cérébrale.

Le Dailymail explique que les deux hommes seraient décapités en même temps par une lame ultra-fine, puis la tête serait placée sur le corps du « donneur » grâce à une glu spéciale à base de polyéthylène glycol, concoctée par le chirurgien lui-même. Une fois la greffe réalisée, Valeri Spiridonov sera maintenu un mois en coma artificiel pour immobiliser les muscles du cou, pendant que des électrodes aideront à la régénération des liaisons nerveuses et à la fusion des moelles épinières. S’il survit, et si la greffe est un succès, il pourra bouger, parler avec sa propre voix et sentir son propre visage. Une physiothérapie lui permettra de se lever au bout d’un an.

Tollé dans la communauté scientifique

Depuis que Sergio Canavero a annoncé la faisabilité de ce type de greffe, ainsi que ses projets, une partie de la communauté scientifique s’indigne. Hunt Batjer, le président de l’Association américaine des chirurgiens neurologues, a déclaré à CNN : « Je ne souhaiterais ça à personne, et je ne permettrais à personne de le faire sur moi. Il y a des choses qui sont bien pires que la mort. » En mars dernier, Olivier Rémy-Néris, professeur de médecine, déclarait à l’Obs : « Tant d’un point de vue technique qu’éthique, cette opération tient pour l’heure davantage de la mauvaise science-fiction que de la médecine. »

Il faut dire que cela pose des questions, notamment quand on sait que jusqu’ici, les essais réalisés sur les primates se sont soldés par la mort de l’animal au bout de neuf jours. Qu’en est-il aussi des neurones, puisque l’on sait maintenant qu’une partie des neurones est située dans l’intestin ?

Sources : dailymail, Courrier International