La pollution de l’Arctique par les microplastiques pourrait ĂȘtre plus grave que ce que l’on pensait

arctique
Crédits : Wikimedia Commons.

Une nouvelle Ă©valuation du transport des microplastiques par les courants ocĂ©aniques a rĂ©vĂ©lĂ© que la contamination de la rĂ©gion arctique pourrait ĂȘtre plus sĂ©vĂšre que ce que l’on pensait jusqu’à prĂ©sent. De nouveaux rĂ©sultats qui concordent avec les observations de terrain montrant que mĂȘme les rĂ©gions les plus isolĂ©es sont fortement touchĂ©es.

La dispersion des microplastiques dans les ocĂ©ans – particules de taille infĂ©rieure Ă  5 millimĂštres – est un vĂ©ritable flĂ©au, ceux-ci Ă©tant majoritairement non biodĂ©gradables. La vie marine est la premiĂšre victime de ces dĂ©bris qui peuvent persister jusqu’à plusieurs dizaines d’annĂ©es dans la couche supĂ©rieure de l’ocĂ©an. Une partie est mĂȘme invisible Ă  l’Ɠil nu, car de dimension nanomĂ©trique.

Pour donner un ordre d’idĂ©e, au cours de la seule annĂ©e 2010, ce sont entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de plastique qui ont terminĂ© dans l’ocĂ©an. Selon les derniĂšres projections de la WWF, la situation ne devrait pas s’arranger au cours des prochaines dĂ©cennies.

Une concentration dans les gyres subtropicaux

Sous l’effet des systĂšmes de vent et de courants Ă  grande Ă©chelle, ils tendent Ă  se concentrer dans certaines zones. On les retrouve tout particuliĂšrement au niveau des gyres ocĂ©aniques subtropicaux – voir la figure ci-dessous. Toutefois, la façon dont les diverses composantes de la circulation participent au transport n’est pas totalement comprise.

pollution gyre
Répartition des microplastiques aprÚs un an de simulation. Plus les couleurs sont chaudes, plus la concentration est élevée. Il est indéniable que la majorité des particules termine dans les gyres subtropicaux. Crédits : V. Onink & al. 2019.

Afin d’éclaircir la question, des chercheurs ont effectuĂ© une simulation numĂ©rique. Elle est illustrĂ©e sur le secteur pacifique dans la vidĂ©o plus bas. En prescrivant une rĂ©partition homogĂšne de particules de plastique en condition initiale, le modĂšle montre comment, sous l’effet des divers courants, elles sont concentrĂ©es aux latitudes subtropicales.

Un transport vers le pĂŽle sous-estimé ?

Cependant, les scientifiques ont Ă©galement trouvĂ© qu’une composante de la circulation ocĂ©anique – la dĂ©rive de Stokes – provoquait un transport additionnel vers le pĂŽle, en particulier dans l’Atlantique nord. En fait, cette dĂ©rive induite par les vagues n’a pas toujours Ă©tĂ© prise en compte dans les simulations par le passĂ©. En consĂ©quence, le transport de micro-plastiques vers l’Arctique pourrait ĂȘtre sous-estimĂ©.

Malheureusement, il est trĂšs difficile de savoir si les modĂšles qui incluent cette composante la simulent adĂ©quatement. En effet, les observations directes sont absentes et les estimations indirectes – par exemple, dans les rĂ©analyses – sujettes Ă  de grandes incertitudes.

Un aspect de la pollution marine qu’il conviendra donc de prĂ©ciser dans de futures recherches. En outre, rappelons que de plus en plus d’études de terrain rĂ©vĂšlent une contamination sĂ©vĂšre de l’Arctique. On pourra citer en guise d’illustration l’observation rĂ©cente de phtalate dans des Ɠufs de Fulmar borĂ©al.

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