La pollution affecte moins les nuages que ce que l’on pensait, et c’est une bonne nouvelle

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Crédits : Wikimedia Commons.

Une étude basée sur l’analyse d’images satellitaires démontre que l’impact des particules de pollution sur les nuages est moins important que ce que l’on pensait jusqu’à présent. Une bonne nouvelle pour les plans visant à réduire la pollution de l’air. On rappelle que ces particules sont responsables d’environ 9 millions de décès prématurés chaque année dans le monde.

Les activités humaines ont deux effets antagonistes sur le climat. D’un côté, les émissions de gaz à effet de serre (GES) induisent un réchauffement. De l’autre, les rejets d’aérosols – particules liquides ou solides en suspension dans l’air – induisent un refroidissement*. En effet, ceux-ci contribuent à réfléchir une partie du rayonnement solaire entrant. Ils le font de manière directe, mais aussi indirecte via la modulation de la couverture nuageuse.

L’effet réchauffant l’emporte nettement sur le second, d’où la hausse globale des températures observée. Toutefois, la part du réchauffement masquée par l’effet refroidissant des aérosols est mal quantifiée. La principale incertitude réside dans l’estimation de la réponse des nuages.

Aérosols : un impact moins important qu’envisagé sur les nuages

Or, évaluer avec précision cette part est crucial. En effet, dans la perspective de villes moins polluées utilisant des énergies plus propres, l’impact climatique des aérosols diminue très fortement. Aussi, la fraction du réchauffement jusqu’alors masquée par ces derniers devient perceptible. Autrement dit, diminuer la pollution favorise temporairement une accélération de la hausse des températures. Temporairement, car il ne s’agit en fait que d’un rattrapage.

Cependant, une nouvelle étude parue dans la revue Nature le 31 juillet dernier vient tempérer ce discours. Les auteurs ont effectué un travail remarquable consistant à étudier les caractéristiques des nuages en aval de diverses sources de pollution anthropiques.

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Crédits : pixabay.

Ils ont ainsi pu vérifier concrètement certaines hypothèses quant à la réponse des nuages aux aérosols. L’une d’elle avance que près des sources de pollution, la couche nuageuse contient plus d’eau liquide – présente sous forme de gouttelettes. Dit autrement, le nuage est plus épais et réfléchit plus efficacement le rayonnement solaire.

« En fait, la teneur moyenne en eau des nuages pollués que nous avons étudiés était peu différente des nuages non pollués », rapporte Velle Toll, auteur principal de l’étude. « Cela montre que la pollution importe peu pour de nombreux types de nuages. Certains sont devenus plus épais, mais d’autres se sont amincis ».

Une réduction de l’incertitude pour les projections climatiques 

Parmi les différents moyens d’affecter la nébulosité, il s’avère que sur celui-ci les aérosols ne sont pas aussi efficaces qu’on pouvait le penser. « Cela réduit grandement l’incertitude pour les prévisions climatiques futures », se félicite Velle Toll.

« La crainte que la réduction de la pollution atmosphérique conduise à un pic de réchauffement planétaire préoccupe depuis longtemps les climatologues », rappelle Nicolas Bellouin, coauteur du présent papier. « Mais notre étude garantit qu’un air pollué a une capacité limitée à masquer un réchauffement de l’atmosphère », poursuit-il.

En conclusion, « une légère hausse de la température liée à une réduction de la pollution est un prix qui vaut le coup d‘être payé pour éviter des dommages plus importants à long terme causés par les gaz à effet de serre ». La transition vers des énergies renouvelables s’accompagnant implicitement d’une amélioration de la qualité de l’air. Une bonne nouvelle de ce point de vue donc.

* C’est de ces particules-là que l’on parle lorsque l’on évoque la pollution de l’air.

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