Si la peur du dentiste est un phĂ©nomĂšne aussi vieux que cette profession, nous savons aujourdâhui que le fait dâen avoir peu serait dangereux. En effet, cette peur serait ressentie inconsciemment par le praticien lui-mĂȘme, ce qui pourrait involontairement lui faire faire des erreurs.
Le fait est que depuis longtemps, la peur du dentiste touche petit et grands, allant parfois mĂȘme jusquâĂ la phobie. La stomatophobie peut pousser certains individus Ă se soigner eux-mĂȘmes ou Ă supporter de vives douleurs plutĂŽt que de prendre rendez-vous chez le dentiste. Le bruit des instruments et Ă©ventuellement une mauvaise expĂ©rience antĂ©rieure (ou autres) sont source de ce genre de peur.
«âCes signes peuvent susciter des comportements hors normes comme par exemple : annuler systĂ©matiquement les rendez-vous pris chez le dentiste, fuir de la salle dâattente juste avant son tour, descendre du fauteuil et interrompre le soin alors mĂȘme que lâanesthĂ©sie a Ă©tĂ© effectuĂ©e et quâelle se montre efficace, prĂ©fĂ©rer souffrir en silence plutĂŽt que bĂ©nĂ©ficier de soins dentaires qui soulagent, chercher Ă sâautomĂ©diquer en permanence, etc.â» peut-on lire sur le site du Dr Bernard BĂ©nichou officiant Ă Paris.
Une Ă©tude publiĂ©e dans la revue Chemical Senses le 15 mai 2018 suggĂšre que le dentiste est susceptible de «âsentirâ» la peur du patient. Une Ă©quipe du Monell Chemical Senses Center de Philadelphie (Ătats-Unis) a menĂ© une expĂ©rience plutĂŽt Ă©tonnante sur 24 Ă©tudiants dentistes. Ces volontaires sĂ©parĂ©s en deux groupes ont chacun portĂ© un t-shirt durant un rendez-vous paisible ou durant un examen stressant.
Par la suite, ces mĂȘmes Ă©tudiants ont effectuĂ© des opĂ©rations sur des mannequins portant les vĂȘtements imprĂ©gnĂ©s de leur odeur, cette derniĂšre Ă©tant toutefois masquĂ©e par des produits chimiques. DĂšs lors, il Ă©tait impossible de dĂ©celer une quelconque diffĂ©rence. Et pourtant, les rĂ©sultats montrent que les Ă©tudiants ayant travaillĂ© sur les mannequins imprĂ©gnĂ©s de lâodeur des volontaires stressĂ©s avaient commis plus dâerreurs que les autresâ!
Ainsi, lâĂ©tude conclut que notre odeur corporelle peut rĂ©vĂ©ler notre ressenti, communiquer nos Ă©motions rĂ©elles et ce sans avoir besoin de lâexprimer par le langage. Cependant, lâexpĂ©rience a Ă©tĂ© menĂ©e sur des Ă©tudiants, si bien que nous ne savons toujours pas si un mĂ©decin expĂ©rimentĂ© serait assujetti aux erreurs de la mĂȘme façon.
Enfin, les chercheurs estiment que la Science ne devrait pas ĂȘtre capable «âde dĂ©velopper un dĂ©odorant anti-anxiĂ©tĂ©â», mais cela reste possible sous rĂ©serve de trouver la molĂ©cule responsable de ce phĂ©nomĂšne.
Sources : New Scientist –Â Consoglobe