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La peur des clowns, une phobie bien réelle !

Crédits : Alexas_Fotos / Pixabay

La peur des clowns existe bel et bien puisqu’elle porte le nom de coulrophobie. Prise très au sérieux par ceux qui en sont atteints, il s’agit d’un phénomène de société récupéré par des personnes malveillantes en France, au Royaume-Uni ainsi qu’aux États-Unis. Quelle est l’origine de cette peur et comment est-elle perçue?

Les psychologues ne reconnaissent pas formellement cette phobie qui touche les enfants, mais également les adultes. Au programme, crises de stress et/ou difficultés respiratoires. Les clowns sont représentés dans la culture tels de gentils comiques, mais aussi de dangereux psychopathes. Bon nombre d’adultes aujourd’hui se souviennent de « Ca », film sorti en 1990 et tiré du roman de Stephen King.

Mais pourquoi une telle image sombre d’un personnage censé être drôle et divertissant ? Pour le comprendre, il est pertinent de repréciser un peu l’histoire des clowns. Le premier clown digne de ce nom est Joseph Grimaldi, véritable icône à Londres au XIXe siècle. Il fut le premier à arborer d’extravagants costumes et à instaurer le maquillage blanc et rouge. Malheureusement, son destin est en demi-teinte : après avoir perdu sa femme et son fils, il souffre de dépression et d’alcoolisme. Charles Dickens sera par la suite garant des mémoires du clown triste. En France, Jean-Gaspard Debureau dit Pierrot, mime très populaire vers 1820, a vu sa réputation s’écrouler le jour où il tua à coups de canne un jeune qui l’avait insulté dans la rue. Malgré le fait qu’il fut acquitté, la vision du clown malfaiteur est désormais présente dans la société.

En 1978, l’image du clown est définitivement négative « grâce » à l’œuvre de John Wayne Gacy, condamné pour avoir agressé sexuellement puis assassiné 35 jeunes hommes aux États-Unis, dont 26 seront retrouvés dans sa propriété à Chicago. Le cinéma utilise à partir des années 80 une image morose du clown, que ce soit dans le film Clownhouse, la saga Saw ou encore dans Batman avec le personnage du Joker, ce qui contribue à l’augmentation de coulrophobes. Le groupe de musique métal Slipknot affiche également des masques de clown menaçants.

L’an dernier est apparu un phénomène en Angleterre surfant sur la vague de la coulrophobie. Un puis plusieurs clowns au look menaçant ont hanté quelques villes et villages du Lancashire, conté rassemblant Preston, Blackpool et Blackburn notamment. Cependant, il s’agissait de plaisanteries macabres, rien de très dangereux.

Des « creepy clowns » sont apparus dans le nord de la France mi-octobre 2014, terrorisant enfants et adolescents dans la rue. La Direction départementale de la sécurité publique DDSP a compilé 38 signalements de faits similaires. Par exemple à Douai, trois plaintes ont été déposées, deux cas avérés : quatre individus déguisés en clown auraient exhibé une tronçonneuse devant une école primaire, tandis qu’un autre clown a été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir effrayé des enfants. Cependant, beaucoup de rumeurs et de fausses alertes rendent difficile le travail des autorités.

En Californie, toujours en octobre 2014, des dizaines de clowns se sont manifestés. Certains signalements décrivent des clowns armés de machettes, revolvers et battes de baseball. À Bakersfield (au nord de Los Angeles), un ado de 14 ans a été arrêté par la police pour avoir pourchassé d’autres ados. À Wasco petite ville près de Bakersfield, la population n’osait plus mettre le nez dehors puisque des clowns hystériques sévissaient.

« Il y a plusieurs clowns à Wasco, mais c’est moi le premier », expliquait le vrai clown de Wasco sur son propre compte Twitter.

Ces ados ont causé un choc émotionnel à tel point qu’une rumeur circulait à propos d’un clown armé d’une hache circulant dans les rues de Wasco. Il s’agirait en fait d’un projet photo, mais là encore, les autorités craignaient un emballement du phénomène, mais surtout un danger confirmé, c’est-à-dire que potentiellement, de vrais malfaiteurs auraient pu se mêler aux plaisantins.

Il existe néanmoins beaucoup de gentils clowns, et il ne faut en aucun cas dramatiser. D’après une étude venant d’Italie et publiée dans le Journal of Health Psychology (janvier 2013), le stress d’enfants hospitalisés peut être réduit dans le cadre d’une thérapie avec des clowns.

Sources : Slate — MetronewsParis MatchJournal of Health Psychology

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.