La peur des clowns, une phobie bien réelle !

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La peur des clowns existe bel et bien puisqu’elle porte le nom de coulrophobie. Prise très au sérieux par ceux qui en sont atteints, il s’agit d’un phénomène de société récupéré par des personnes malveillantes en France, au Royaume-Uni ainsi qu’aux États-Unis. Quelle est l’origine de cette peur et comment est-elle perçue ?

Les psychologues ne reconnaissent pas formellement cette phobie qui touche les enfants, mais également les adultes. Au programme, crises de stress et/ou difficultés respiratoires. Les clowns sont représentés dans la culture tels de gentils comiques, mais aussi de dangereux psychopathes. Bon nombre d’adultes aujourd’hui se souviennent de « Ca », film sorti en 1990 et tiré du roman de Stephen King.

Mais pourquoi une telle image sombre d’un personnage censĂ© Ăªtre drĂ´le et divertissant ? Pour le comprendre, il est pertinent de reprĂ©ciser un peu l’histoire des clowns. Le premier clown digne de ce nom est Joseph Grimaldi, vĂ©ritable icĂ´ne Ă  Londres au XIXe siècle. Il fut le premier Ă  arborer d’extravagants costumes et Ă  instaurer le maquillage blanc et rouge. Malheureusement, son destin est en demi-teinte : après avoir perdu sa femme et son fils, il souffre de dĂ©pression et d’alcoolisme. Charles Dickens sera par la suite garant des mĂ©moires du clown triste. En France, Jean-Gaspard Debureau dit Pierrot, mime très populaire vers 1820, a vu sa rĂ©putation s’écrouler le jour oĂ¹ il tua Ă  coups de canne un jeune qui l’avait insultĂ© dans la rue. MalgrĂ© le fait qu’il fut acquittĂ©, la vision du clown malfaiteur est dĂ©sormais prĂ©sente dans la sociĂ©tĂ©.

En 1978, l’image du clown est dĂ©finitivement nĂ©gative « grĂ¢ce » Ă  l’œuvre de John Wayne Gacy, condamnĂ© pour avoir agressĂ© sexuellement puis assassinĂ© 35 jeunes hommes aux États-Unis, dont 26 seront retrouvĂ©s dans sa propriĂ©tĂ© Ă  Chicago. Le cinĂ©ma utilise Ă  partir des annĂ©es 80 une image morose du clown, que ce soit dans le film Clownhouse, la saga Saw ou encore dans Batman avec le personnage du Joker, ce qui contribue Ă  l’augmentation de coulrophobes. Le groupe de musique mĂ©tal Slipknot affiche Ă©galement des masques de clown menaçants.

L’an dernier est apparu un phénomène en Angleterre surfant sur la vague de la coulrophobie. Un puis plusieurs clowns au look menaçant ont hanté quelques villes et villages du Lancashire, conté rassemblant Preston, Blackpool et Blackburn notamment. Cependant, il s’agissait de plaisanteries macabres, rien de très dangereux.

Des « creepy clowns » sont apparus dans le nord de la France mi-octobre 2014, terrorisant enfants et adolescents dans la rue. La Direction départementale de la sécurité publique DDSP a compilé 38 signalements de faits similaires. Par exemple à Douai, trois plaintes ont été déposées, deux cas avérés : quatre individus déguisés en clown auraient exhibé une tronçonneuse devant une école primaire, tandis qu’un autre clown a été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir effrayé des enfants. Cependant, beaucoup de rumeurs et de fausses alertes rendent difficile le travail des autorités.

En Californie, toujours en octobre 2014, des dizaines de clowns se sont manifestĂ©s. Certains signalements dĂ©crivent des clowns armĂ©s de machettes, revolvers et battes de baseball. Ă€ Bakersfield (au nord de Los Angeles), un ado de 14 ans a Ă©tĂ© arrĂªtĂ© par la police pour avoir pourchassĂ© d’autres ados. Ă€ Wasco petite ville près de Bakersfield, la population n’osait plus mettre le nez dehors puisque des clowns hystĂ©riques sĂ©vissaient.

« Il y a plusieurs clowns à Wasco, mais c’est moi le premier », expliquait le vrai clown de Wasco sur son propre compte Twitter.

Ces ados ont causĂ© un choc Ă©motionnel Ă  tel point qu’une rumeur circulait Ă  propos d’un clown armĂ© d’une hache circulant dans les rues de Wasco. Il s’agirait en fait d’un projet photo, mais lĂ  encore, les autoritĂ©s craignaient un emballement du phĂ©nomène, mais surtout un danger confirmĂ©, c’est-Ă -dire que potentiellement, de vrais malfaiteurs auraient pu se mĂªler aux plaisantins.

Il existe nĂ©anmoins beaucoup de gentils clowns, et il ne faut en aucun cas dramatiser. D’après une Ă©tude venant d’Italie et publiĂ©e dans le Journal of Health Psychology (janvier 2013), le stress d’enfants hospitalisĂ©s peut Ăªtre rĂ©duit dans le cadre d’une thĂ©rapie avec des clowns.

Sources : Slate — Metronews — Paris Match — Journal of Health Psychology