La NASA veut envoyer des ballons dans l’atmosphère de Vénus

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Image ultraviolette de Vénus prise par l'orbiteur Pioneer-Venus de la NASA en 1979. Crédits : NASA

Pourquoi Vénus est-elle si différente de notre planète ? Pourquoi la « jumelle de la Terre » est-elle devenue aussi diabolique ? Étudier l’activité sismique de Vénus pourrait nous permettre de répondre à ces questions. Et pour ce faire, la NASA pense envoyer des montgolfières.

Si la semaine dernière vous étiez de passage dans le désert a priori très calme du Nevada, près de Pahrump, vous avez peut-être ressenti une secousse. C’est normal : des chercheurs du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA y ont déclenché un séisme artificiel. Ces derniers cherchaient à « écouter » les vibrations du sol depuis un ballon suspendu dans les airs. Pari réussi, mais pourquoi faire exactement ? L’idée serait de pouvoir entreprendre la même expérience dans l’atmosphère de Vénus. Ce faisant, les chercheurs pourraient alors en apprendre davantage sur l’intérieur de la jumelle diabolique de la Terre, et comprendre pourquoi elle a suivi un chemin évolutif si différent de notre planète.

« Nous n’avons jamais effectué de mesure sismique directe sur Vénus »

« Nous savons, avec un certain degré de certitude, que Vénus n’a pas de tectonique des plaques globale comme sur Terre. Il existe en revanche une activité sismique de nature différente, mais nous ne savons pas exactement quoi, explique Siddharth Krishnamoorthy, du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA en Californie. Nous n’avons jamais effectué de mesure sismique directe sur Vénus, c’est pourquoi nous voulons envoyer des ballons pour tenter de répondre à certaines questions majeures concernant la planète ».

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La NASA veut écouter les « tremblements de terre » sur Vénus. Crédits : JPL/NASA

Une haute atmosphère clémente, voire même accueillante

Pourquoi des ballons ? Parce qu’un atterrisseur comme Insight – actuellement sur Mars – ne tiendrait pas une heure sur la surface de Vénus. Certains s’y sont essayés, notamment les Russes, mais la technologie actuelle ne peut survivre que quelques minutes avant que tous les composants ne se retrouvent complètement fondus. La température sur place est de 462 °C, et la pression est 90 fois supérieure à celle de la surface de la Terre. En revanche, les conditions dans la haute atmosphère sont beaucoup plus clémentes. Vous ne retrouverez d’ailleurs dans le système solaire pas un seul endroit aussi similaire à l’environnement terrestre.

Mais avant d’envoyer des ballons à une centaine de millions de kilomètres de là, encore faut-il faire quelques tests sur Terre. D’où l’objet de cette expérience menée dans le Nevada. Pour la réaliser, une équipe du Département américain de l’énergie a provoqué une secousse de magnitude 4 à l’aide d’une explosion chimique produite à environ 300 mètres sous terre. Deux ballons remplis d’hélium transportaient des instruments permettant de détecter les changements de pression atmosphérique et les ondes infrasons de basse fréquence (signes d’une activité sismique). Un ballon était attaché au sol, et l’autre flottait dans l’atmosphère. Il semblerait que les résultats aient été positifs, mais d’autres tests seront nécessaires avant d’envisager une mission sur Vénus.

Apprendre à connaître Vénus

Si tel est un jour le cas, les chercheurs du JPL pensent que ces ballons pourraient mesurer des tremblements de Vénus de magnitude 2, et comprendre ce qui déclenche ces ondes sismiques (de la chaleur qui s’échappe de l’intérieur ?). En comprenant l’intérieur de Vénus, nous pourrions alors en apprendre davantage sur son histoire (les ondes, en se propageant, accumulent un tas d’informations au passage). Et plus nous en saurons sur l’histoire de Vénus, plus nous serons en mesure de comprendre pourquoi cette planète est si différente de la nôtre (ni eau, ni champ magnétique).

On rappelle également que s’il ne s’agit ici que de ballons, la NASA envisage également d’envoyer un jour des Hommes dans l’atmosphère de la planète. Le projet HAVOC (High Altitude Venus Operational Concept) viserait à pouvoir évoluer à bord de dirigeables. Une véritable cité dans les nuages.

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