La lune Triton, en orbite autour de Neptune, fascine et interroge les scientifiques depuis des décennies. Une mission, nommée Trident, propose d’étudier cette lune de plus près.
Voyager 2 est à ce jour la première et seule sonde spatiale à avoir survolé Neptune, en août 1989. À cette occasion, l’équipe en charge de la mission avait opté pour un passage à faible distance du pôle nord de la planète. Se faisant, la sonde pouvait alors profiter d’une assistance gravitationnelle lui permettant de glisser vers Triton, la principale lune de Neptune.
Cette approche (39 790 km de distance) nous a permis d’apprendre certaines choses sur Triton. Son diamètre, estimé alors entre 3 800 et 5 000 km, a notamment été revu à la baisse (2 760 km). La sonde a également relevé une surface peu marquée par les cratères, et enrobée d’une atmosphère très ténue.
Bientôt une nouvelle mission ?
Il y a quelques mois, la NASA annonçait en effet la mise en compétition de quatre missions d’exploration potentielles. Celles-ci ont été présentées dans le cadre du programme Discovery de l’agence, qui vise à financer des missions à moins de 500 millions de dollars.
À cette occasion, une équipe d’astronomes du Jet Propulsion Laboratory avait alors présenté son concept d’une mission baptisée Trident, visant à survoler de nouveau la plus grande lune de Neptune.
Mais concrètement, si nous y sommes déjà allés, pourquoi y retourner trois décennies après le passage de Voyager 2 ?

Un monde intriguant
Cette nouvelle mission proposée se justifie de plusieurs manières. Triton, d’une part, présente la particularité de ne pas s’être formée autour de Neptune. C’est une lune dite « capturée », probablement originaire de la ceinture de Kuiper. Nous le savons car Triton évolue dans le sens inverse de sa planète, sur une orbite positionnée à 23 degrés par rapport à son équateur.
Une nouvelle mission nous permettrait alors de confirmer son origine, et d’en apprendre davantage sur la formation et l’évolution planétaire.
En outre, la lune possède également l’une des surfaces les plus jeunes du système solaire (moins de 10 millions d’années). Un mécanisme permettant de « rajeunir » sa surface doit donc être à l’oeuvre, mais lequel ? La mission Trident, si elle est validée, tentera de percer ce mystère en cartographiant les 60% de la surface non observés par Voyager 2.
L’atmosphère de Triton intrigue également. Sa ionosphère est en effet bien plus active que celle des autres lunes du système solaire, et ce malgré le fait qu’elle soit la plus éloignée du Soleil. Une autre source d’énergie, autre que celle de notre étoile, doit donc alimenter ce processus. Là encore, la mission Trident visera à déterminer lequel.
Enfin, rappelons que, à l’instar d’Europe et Encelade, les lunes de Jupiter et Saturne, les chercheurs soupçonnent que Triton abrite elle aussi, sous sa croûte gelée, un océan global entourant un noyau rocheux. Des panaches émanant de la surface ont en effet été repérés en 1989 par Voyager 2. L’envoi d’une nouvelle sonde sur place permettrait d’en avoir le coeur net.
Si elle est approuvée (nous le saurons l’année prochaine), la mission Trident devrait être lancée en octobre 2025. Dans ce cas, il est normalement prévu que la sonde arrive sur place en 2038, pour finalement survoler et analyser la lune pendant 13 jours.
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