Une récente étude s’est concentrée sur les effets psychologiques d’une mise en quarantaine obligatoire sur les sujets concernés. Les chercheurs proposent également un moyen simple de les minimiser.
L’épidémie du coronavirus Covid-19 a conduit certaines autorités sanitaires à mettre en place une ancienne technique pour tenter de contrôler la propagation de la maladie : la quarantaine. Depuis plusieurs semaines, des milliers de personnes sont ainsi priées de rester chez elles, et d’éviter tous les contacts extérieurs inutiles. Des chercheurs se sont intéressés aux impacts psychologiques de ces mises à l’écart qui limitent la liberté de mouvement.
Avant tout chose, on souligne que l’étude ne remet pas ici en cause le principe de quarantaine. Si certains chercheurs peuvent estimer qu’elles sont généralement inutiles, la plupart s’accordent tout de même à penser que ces mises à l’écart des sujets contribuent à limiter la propagation des virus. À condition, bien sûr, qu’elles soient mises en place à temps et correctement.
Ceci étant dit, dans le cadre de cette étude, des chercheurs du King’s College de Londres ont passé en revue 24 études menées dans 10 pays, examinant les conséquences psychologiques de la mise en quarantaine chez plusieurs sujets au cours d’épidémies précédentes. Ils se sont notamment concentrés sur celles du (SRAS), d’Ebola, de la grippe H1N1, ou du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS).
Une expérience « souvent effrayante »
Au terme de ces travaux les chercheurs ont relevé plusieurs choses. D’une part, que la plupart souffraient de stress post-traumatique et de dépression, même plusieurs années après la fin de leur quarantaine. Beaucoup ont également exprimé des sentiments de peur et de colère.
Sans trop de surprise, il est également ressorti que les personnes ayant des antécédents de troubles psychiatriques essuyaient des impacts psychologiques plus importants,. Par ailleurs, plus la durée de la quarantaine était longue, plus les impacts étaient importants.
« La mise en quarantaine est une expérience isolante, souvent effrayante, et notre étude a révélé qu’elle pouvait avoir des effets psychologiques négatifs, explique Samantha Brooks, principale auteure de l’étude. Le fait que ces effets puissent encore être détectés des mois ou des années plus tard est particulièrement préoccupant ».
Maintenir un lien avec l’extérieur
Les chercheurs ont en effet relevé que le manque de communication des autorités sanitaires était le principal facteur expliquant ces effets psychologiques. Autrement dit, beaucoup ignoraient combien de temps ils devaient se tenir à l’écart, et vivaient très mal la situation. On rappelle que l’Homme est un animal social. Rester isolé n’est donc pas dans sa nature.
La plupart des sujets ont également souffert de difficultés financières après leur période de quarantaine, notamment à cause de leur incapacité à revenir travailler découlant de ces problèmes de santé mentale.
Ces effets, soulignent les chercheurs, devraient être pris en compte par les autorités sanitaires dans le but de mettre en place des moyens de les minimiser.
« Les personnes mises en quarantaine éprouvent déjà un niveau élevé de peur d’être infectées. Isolées, elles sont également sujettes à des interprétations catastrophiques des événements, et l’absence d’informations précises peut exacerber cette situation, explique Neil Greenberg, co-auteur de l’étude. Nos recherches ont montré qu’il est important que les personnes mises en quarantaine aient accès à des informations régulières qui communiquent de manière claire et cohérente toute modification du plan de quarantaine. En particulier autour de sa durée ».
Le chercheur précise que la période de quarantaine devrait être aussi courte que possible, et que sa durée, sauf en cas de situation extrême, ne devrait pas être modifiée.
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