Et si la matière noire expliquait la formation des premiers trous noirs supermassifs ?

Et si la matière noire expliquait la formation des premiers trous noirs supermassifs ?

Les trous noirs supermassifs sont parmi les objets les plus énigmatiques de l’Univers. Des découvertes récentes, faites par le télescope spatial James Webb, ont révélé que ces géants cosmiques existaient déjà quelques centaines de millions d’années après le Big Bang. Cela remet en cause les théories actuelles sur leur formation, qui impliquent généralement des processus lents sur des milliards d’années. Une nouvelle hypothèse émerge : et si la matière noire était responsable de cette formation accélérée ?

Les trous noirs supermassifs : une énigme cosmique

Des géants formés très tôt dans l’Univers

Les trous noirs supermassifs sont des objets incroyablement massifs, pesant des millions à des milliards de fois la masse du Soleil. Ils se trouvent généralement au centre des galaxies, comme c’est le cas pour le trou noir Sagittarius A* au centre de la Voie Lactée. Les dernières observations du télescope James Webb ont révélé que certains de ces trous noirs étaient déjà présents 500 000 ans après le Big Bang, alors que l’Univers venait tout juste de se former.

L’évolution classique des trous noirs supermassifs

La formation des trous noirs supermassifs, selon les modèles traditionnels, passe par plusieurs étapes :

  • Les étoiles massives s’effondrent pour former des trous noirs de masse stellaire (environ 3 à 100 masses solaires).
  • Ces trous noirs croissent en attirant la matière environnante dans un processus appelé accrétion.
  • L’accrétion permet au trou noir d’absorber du gaz interstellaire et des étoiles proches, augmentant progressivement sa masse.

Ce processus est lent et nécessite des milliards d’années pour qu’un trou noir atteigne la taille gigantesque d’un supermassif.

Une découverte inattendue : des trous noirs supermassifs peu après le Big Bang

Les observations du télescope spatial James Webb

Le télescope James Webb, lancé en décembre 2021, a révolutionné notre compréhension de l’Univers en observant des objets situés à des milliards d’années-lumière de la Terre. Parmi ses découvertes, des trous noirs supermassifs ont été identifiés dans l’Univers primitif, alors que celui-ci n’avait que quelques centaines de millions d’années. Ces objets, qui semblaient demander des milliards d’années pour se former, posent donc un véritable défi aux théories classiques.

La rapidité de formation des premiers trous noirs supermassifs

Les astronomes pensaient que les trous noirs supermassifs étaient le résultat de l’accrétion de matière sur des périodes extrêmement longues. Or, la présence de ces géants dans les premiers âges de l’Univers suggère que leur formation a été bien plus rapide que prévu. Il devient nécessaire de revoir les modèles en place et d’envisager des mécanismes plus efficaces pour expliquer cette croissance fulgurante.

Le rôle de la matière noire dans l’Univers primitif

Le rôle des halos de matière noire dans l’Univers primitif

La matière noire, qui représente environ 27 % de la masse de l’Univers, est une substance mystérieuse que l’on ne peut observer directement, mais dont on détecte l’influence gravitationnelle. Dans l’Univers primitif, la matière noire s’est regroupée pour former des halos gravitationnels bien avant que la matière visible ne s’agglomère en étoiles et galaxies. Ces halos ont joué un rôle fondamental dans l’évolution cosmique en capturant la matière baryonique (la matière « visible » qui compose les étoiles et les planètes).

Effondrement gravitationnel accéléré par la matière noire

Les halos de matière noire auraient accéléré l’effondrement gravitationnel dans l’Univers primitif. En concentrant d’énormes quantités de matière baryonique dans des régions spécifiques, ces halos ont créé des conditions idéales pour la formation rapide de trous noirs. La matière noire aurait ainsi permis de condenser la matière visible à un rythme bien plus rapide. Ceci aurait provoqué la formation de trous noirs supermassifs en quelques centaines de millions d’années seulement, contre des milliards d’années dans les modèles traditionnels.

L’hypothèse de la désintégration de la matière noire

Une matière noire instable ?

Une autre hypothèse fascinante propose que la matière noire elle-même pourrait se désintégrer. Bien que la nature exacte de la matière noire reste un mystère, certaines théories suggèrent qu’elle pourrait libérer de l’énergie sous forme de particules, comme des photons ou des neutrinos, lorsqu’elle se désintègre. Cette désintégration aurait eu lieu principalement dans l’Univers primitif, influençant directement la formation des premières structures cosmiques.

Inhibition de la fragmentation et formation rapide des trous noirs

La désintégration de la matière noire aurait eu un effet direct sur la formation des trous noirs en inhibant la fragmentation des nuages d’hydrogène. Normalement, ces nuages se divisent en plus petites structures, freinant ainsi la formation de masses importantes. Sous l’influence de la désintégration de la matière noire, ces nuages d’hydrogène auraient conservé leur intégrité et favorisé la formation de grandes structures, comme les trous noirs supermassifs. Ces conditions auraient ainsi permis à des objets massifs de se former bien plus rapidement que prévu.

Quelles implications pour la cosmologie ?

Une révision des modèles de formation cosmique

Si la matière noire est impliquée dans la formation des trous noirs supermassifs, cela pourrait révolutionner notre compréhension de l’évolution de l’Univers. Les modèles actuels, qui reposent principalement sur la matière visible, seraient remis en question. La matière noire, au-delà de sa simple influence gravitationnelle, pourrait être un acteur clé dans la formation des objets les plus massifs de l’Univers, comme les galaxies et les trous noirs supermassifs.

Vers une meilleure compréhension de la matière noire

Ces recherches  pourraient aussi fournir des indices clés pour comprendre la nature même de la matière noire. Si cette hypothèse est validée, la désintégration de la matière noire pourrait enfin être détectée, ouvrant la voie à une nouvelle ère dans la cosmologie. Cela pourrait également nous aider à mieux comprendre l’influence de la matière noire sur l’évolution des structures cosmiques.

À toutes fins utiles, lisez : Trous noirs et matière noire : sont-ils une seule et même chose ?