La marijuana rendrait-elle les blessures plus douloureuses ?

fleur marijuana
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Une récente étude suggère que la consommation de marijuana peut affecter la sensation de douleur suite à une blessure traumatique, par exemple causée par un accident de voiture. Les consommateurs auraient alors besoin de plus fortes doses d’analgésiques opioïdes.

Il est à noter que ces conclusions sont préliminaires, et que d’autres études sont nécessaires pour confirmer les résultats. Mais si tel est le cas, l’étude pourrait avoir des implications pour le traitement de la douleur chez les consommateurs de cannabis. Les résultats suggèrent que « les utilisateurs de marijuana nécessitant un contrôle de la douleur méritent une attention particulière lors du choix du dosage et de la fréquence des narcotiques », explique Kristin Salottolo, auteure principale de l’étude et épidémiologiste au Centre de recherche sur les traumatismes du centre médical suédois d’Englewood (États-Unis).

Les chercheurs expliquent dans l’étude avoir soigné des patients enregistrés au Colorado qui consommaient régulièrement de la marijuana. Ils auraient alors constaté que ces derniers « avaient un mauvais contrôle de la douleur et exigeaient une quantité de narcotiques supérieure à la normale ». L’échantillon comprenait 260 personnes impliquées dans des accidents de la route entre janvier et avril 2016, toutes admises dans des centres de traumatologie du Colorado et du Texas.

Parmi ces patients, 21 % (54 au total) ont déclaré avoir consommé de la marijuana récemment ou ont été testés positifs à cette substance, et 6 % (16 personnes) ont déclaré en avoir consommé quotidiennement ou presque. La consommation de marijuana a été signalée quatre fois plus fréquemment au Colorado, où la drogue est légale à des fins médicales et récréatives, contrairement au Texas où la drogue est illégale dans les deux cas.

Par ailleurs, environ 9 % des participants ont été testés positifs à d’autres drogues que la marijuana, y compris les amphétamines, les barbituriques, les benzodiazépines, la cocaïne, la méthamphétamine et les opiacés. Les patients ayant consommé uniquement de la marijuana prenaient en moyenne 7,6 milligrammes de médicaments opioïdes par jour à l’hôpital, comparé à 5,6 milligrammes pour les patients qui n’utilisaient pas de cannabis ou d’autres drogues. Lorsqu’on leur a demandé de déclarer leur niveau de douleur sur une échelle de 0 à 10 (0 étant la douleur la plus faible et 10 étant la pire), les consommateurs de marijuana avaient un score quotidien de douleur de 4,9 en moyenne contre 4,2 pour les non-consommateurs.

L’utilisation de doses plus élevées de narcotiques pour contrôler la douleur pourrait entraîner de nombreux autres problèmes. Par exemple, les utilisateurs de marijuana se retrouvent souvent avec des séjours plus longs à l’hôpital. En outre, ces derniers peuvent ressentir les effets d’un sevrage de la substance, y compris des symptômes de nausées et de vomissements, ce qui à son tour pourrait les empêcher de se nourrir correctement et nuire à la guérison.

Notons enfin que l’étude était ici rétrospective, ce qui signifie qu’elle a analysé les données qui ont été recueillies précédemment, et que la taille de l’échantillon était relativement faible. Les chercheurs prévoient une étude plus vaste pour approfondir le lien entre l’usage de la marijuana et la douleur.

Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans la revue Patient Safety in Surgery.

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