La hausse de la consommation mondiale de viande risque d’avoir un impact dévastateur sur l’environnement au cours des prochaines décennies, avertissent des chercheurs.
Une nouvelle analyse majeure suggère que la consommation de viande devrait augmenter fortement, alors que la population mondiale est en pleine croissance. L’élevage industriel et à grande échelle des animaux, très énergivore, devrait en effet jouer un rôle important dans l’augmentation des émissions de carbone et dans la réduction de la biodiversité. « La grande préoccupation est que si la consommation de viande augmente encore, elle le sera massivement », explique au Guardian le professeur britannique Tim Key, épidémiologiste à l’Université d’Oxford et co-auteur de l’étude. « Manger des quantités substantielles de viande est mauvais pour l’environnement ».
L’étude publiée dans la revue Science rappelle également que des niveaux élevés de consommation de viande ont des conséquences négatives sur la santé. Elle peut conduire à un risque accru de cancer colorectal et de maladies cardiovasculaires.
La quantité moyenne de viande consommée par personne dans le monde a presque doublé au cours des 50 dernières années, passant de 23 kg en 1961 à 43 kg en 2014. La production totale de viande a augmenté beaucoup plus vite que la croissance démographique, se multipliant par quatre ou cinq depuis 1961, notent les chercheurs. Une tendance qui devrait se prononcer davantage à mesure que la population mondiale augmente. Rappelons que les pays à revenu intermédiaire – en particulier la Chine et d’autres pays d’Asie de l’Est – consomment aujourd’hui beaucoup plus de viande qu’auparavant. Selon les chercheurs, la consommation mondiale de viande devrait augmenter de 76 % d’ici le milieu du siècle, avec une multiplication par deux de la consommation de volaille, une augmentation de 69 % de la consommation de bœuf, et une hausse de 42 % pour le porc.
« Il est difficile d’imaginer comment le monde pourrait fournir à une population de plus de 10 milliards de personnes la quantité de viande actuellement consommée dans la plupart des pays à revenu élevé, sans effets négatifs substantiels sur l’environnement », conclut l’étude, qui rappelle que la production de viande est liée à des émissions de carbone beaucoup plus élevées que celles générées par les productions de légumes, fruits et céréales. La production animale représente actuellement 15 % de toutes les émissions anthropiques (dioxyde de carbone, méthane et protoxyde d’azote).
L’élevage est par ailleurs un contributeur majeur à la perte de la biodiversité, les forêts étant décimées pour finir en terres agricoles et cultivées pour donner de la nourriture consommée par les animaux. Et l’assèchement des rivières et des lacs pour irriguer les terres utilisées pour la culture du maïs et d’autres céréales utilisées pour l’alimentation animale a déjà un impact considérable sur les ressources en eau, selon l’analyse. Rappelons qu’il faut environ 15 kg de céréales et 15 000 litres d’eau pour produire 1 kg de viande.
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