Avec la prolifération des drones sur les champs de bataille modernes, les armées du monde entier cherchent des moyens efficaces pour contrer cette menace agile, bon marché… et potentiellement mortelle. En France, une nouvelle arme se prépare à entrer en service, et elle promet de faire le ménage dans les airs : le Rapidfire Land, un système de défense anti-aérienne développé par Thales et KNDS France, qui s’attaque aux essaims de drones, aux hélicoptères, aux avions légers — et même aux roquettes et mortiers.
Un canon pour dompter le ciel
Au cœur du système : un canon de 40 mm à munitions télescopées, conçu par CTA International, une coentreprise entre KNDS et BAE Systems. Cette arme n’est pas tout à fait nouvelle : elle équipe déjà le blindé Jaguar de l’armée française. Mais ici, elle change de rôle pour devenir un tueur de drones autonome, capable d’opérer en défense de site, que ce soit sur une base militaire en France, à l’étranger, ou sur un poste avancé.
Le canon peut embarquer jusqu’à 140 munitions prêtes à tirer, ce qui lui permet d’enchaîner les cibles sans rechargement immédiat. Un avantage crucial lorsqu’on fait face à une attaque saturante, où des dizaines de drones tentent de submerger les défenses.
La munition intelligente qui explose avant l’impact
Mais la véritable révolution vient de la munition A3B, en cours de développement. Contrairement à un obus classique qui doit frapper directement sa cible, l’A3B est une munition dite airburst : elle explose en vol, avant de toucher sa cible, en libérant des dizaines de sous-munitions en tungstène.
Plus la munition explose loin, plus elle couvre une large zone. Résultat : un seul tir peut neutraliser plusieurs drones ou intercepter des projectiles rapides en approche. Cette capacité à créer une « pluie de métal » dans une zone ciblée change complètement la donne pour les défenses rapprochées. La France a déjà commandé 500 obus A3B, dont l’entrée en service est prévue d’ici 2027.
Un système presque autonome… mais toujours sous contrôle
Le Rapidfire Land ne se contente pas de tirer vite. Il pense, ou presque. Le système embarque un calculateur de tir avancé qui corrige automatiquement l’emplacement de la cible après chaque tir. Cela permet de suivre les cibles rapides ou mouvantes — drones, hélicoptères, roquettes — et de les ajuster en temps réel.
Autre atout : le système ne nécessite que deux opérateurs, qui interviennent uniquement pour autoriser l’ouverture du feu. Le reste du processus (acquisition, visée, suivi) est semi-automatisé, ce qui réduit la charge humaine tout en gardant une supervision humaine cruciale.
Une protection flexible, déployable partout
Thales et KNDS proposent deux versions du système :
Une version semi-mobile, montée sur une plateforme fixe de 20 pieds, facile à transporter et déployer sur le terrain.
Une version mobile, intégrée à un véhicule tactique, pour accompagner les troupes au plus près des zones de combat.
Cette modularité permet aux forces armées de choisir entre une protection de base durable ou un système embarqué pour des opérations de projection rapide. Dans les deux cas, le système couvre une portée effective d’environ 4 km, créant une bulle de protection rapprochée idéale pour les bases avancées ou les infrastructures critiques.
Déjà testé… et validé par la marine
Avant d’être adapté au sol, le Rapidfire a été testé en version navale. Deux exemplaires sont déjà installés à bord du navire ravitailleur Jacques Chevallier, où ils ont réussi des tirs réels en situation. Ces essais ont validé la capacité du système à intercepter des cibles rapides en mer, un environnement notoirement difficile.
Fort de ce succès, le ministère français des Armées a commandé 14 unités terrestres, avec une option pour 34 systèmes supplémentaires. Le Rapidfire Land est donc en bonne voie pour devenir la colonne vertébrale de la défense sol-air rapprochée française.

Pourquoi c’est important
L’arrivée de ce système s’inscrit dans un contexte stratégique nouveau : les conflits récents, comme en Ukraine ou au Moyen-Orient, ont démontré que les drones low-cost et les munitions intelligentes représentent une menace sérieuse — y compris pour des armées technologiquement avancées. Les attaques par essaims peuvent saturer les défenses classiques, et seuls des systèmes ultra-réactifs et flexibles comme le Rapidfire Land peuvent répondre efficacement.
Ce canon intelligent, capable de balayer le ciel de drones en quelques secondes, incarne une nouvelle génération de défense aérienne : plus rapide, plus modulaire, plus économique — et surtout prête pour les guerres de demain.