Si elle se poursuit au rythme actuel, la fonte de la banquise arctique risque d’augmenter la fréquence des évènements El Niño de forte intensité. C’est du moins ce qu’avance une étude récemment publiée dans la revue scientifique Nature Communications.
La banquise arctique est sujette à un recul rapide, en particulier durant l’été, la surface occupée par la glace de mer ayant diminué de moitié depuis les années 1950. Ce retrait fulgurant a des conséquences multiples et hétérogènes que les chercheurs continuent d’explorer. Les travaux menés par un groupe de scientifiques de l’Université d’Albany (États-Unis) ont par exemple mis en lumière une influence substantielle sur le phénomène El Niño.
Plus précisément, l’étude montre que la poursuite du déclin des glaces arctiques devrait augmenter la fréquence de survenue des épisodes El Niño de forte intensité. « El Niño est un phénomène climatique important, reconnu comme l’un des moteurs de la variabilité climatique à l’origine d’impacts sociétaux importants et divers », relate Jiping Liu, auteur principal de l’étude. Il s’agit ainsi de la première étude a quantifier l’impact du retrait de la banquise arctique sur le phénomène.
L’Arctique libre de glace, une configuration favorable aux évènements El Niño de forte intensité
Pour arriver à ces résultats, les chercheurs se sont appuyés sur deux modèles climatiques couplant l’atmosphère, l’océan et la cryosphère. En confrontant des simulations comportant une banquise plus ou moins étendue, les scientifiques ont trouvé que si une perte modérée des glaces de mer n’avait pas d’influence décelable, un retrait majeur changeait les caractéristiques d’El Niño de façon claire. C’est tout particulièrement vrai pour un Arctique saisonnièrement libre de glace, situation qui pourrait survenir dès le milieu du siècle.

« Après des décennies de recherche, il existe un accord général, bien que non universel, sur le fait que la fréquence des événements El Niño, en particulier des événements El Niño extrêmement forts, augmentera avec le réchauffement », détaille le chercheur. « Puisque la banquise arctique devrait continuer à diminuer de façon spectaculaire, il était important d’évaluer si l’augmentation prévue des El Niño peut être directement liée ».
Dans les simulations effectuées par les chercheurs, le recul de la banquise arctique participe de 37 % à 58 % à l’augmentation des évènements El Niño de grande ampleur observée dans les modèles, le reste étant attribuable à l’impact plus direct des gaz à effet de serre sur les circulations tropicales – notamment les circulations de Walker. Ces résultats confirment la nécessité d’une bonne représentation de la banquise dans les modèles climatiques.