La douleur physique des femmes sous-évaluée en raison de biais de genre

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Selon une étude internationale récente, la douleur que peuvent éprouver les femmes serait d’une manière générale sous-estimée par rapport à celles des hommes. Or, cette même douleur est égale d’un point de vue clinique. Ces biais de genre défavorables aux femmes interviennent principalement dans l’attribution des traitements.

Une sous-évaluation de la douleur des femmes

Les femmes et les hommes ont la même propension à ressentir la douleur. Néanmoins, une étude publiée dans The Journal of Pain le 5 mars 2021 évoque des biais de genre concernant l’estimation de la douleur en médecine. Ces travaux incluant deux expériences distinctes ont été menés par un groupe international de chercheurs en psychologie, provenant de Chine, des États-Unis et de France.

La première expérience incluait une cinquantaine de participants, à savoir trente femmes et vingt hommes n’appartenant pas au monde médical. Les  chercheurs leur ont montré des vidéos de patients des deux sexes souffrant de douleurs à l’épaule dont l’intensité était sensiblement similaire. Les volontaires devaient évaluer la douleur des patients sur une échelle de 0 à 100. Or, les participants ont systématiquement attribué un score plus important aux hommes. En somme, les douleurs des femmes ont été sous-évaluées.

La seconde expérience concernait un échantillon plus important, à savoir 197 participants (81 femmes et 116 hommes). Non seulement il s’agissait d’évaluer la douleur des patients femmes et hommes, mais également de se mettre dans la peau de médecins statuant sur le choix du traitement. Les volontaires devaient également remplir un document comportant une dizaine de questions. Le but ? Connaître les éventuels stéréotypes ou biais de genre présents chez les participants.

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Un biais de genre récurrent

Cette deuxième expérience a conduit au même constat que la première. En effet, à douleur égale et au même degré d’expression, la douleur des femmes a été de nouveau sous-estimée. Les chercheurs ont d’ailleurs identifié un stéréotype récurent, à savoir que les femmes exprimeraient davantage leur douleur que les hommes.

« Plus les participants croyaient que les femmes étaient plus disposées à signaler la douleur que les hommes, moins ils percevaient la douleur des patientes », peut-on lire dans l’étude.

Les psychologues ont également évoqué l’attribution des traitements. Les participants ont davantage prescrit des psychothérapies aux femmes plutôt qu’aux hommes à la place de médicaments. Or, les patientes en question n’avaient pas davantage besoin d’un traitement psychothérapeutique que les hommes. Le fait est que les profils étaient très similaires en termes de psychologie et de santé en général. Là encore, il était question de la manière dont les femmes exprimaient leurs douleurs. Pour les chercheurs, ces biais de genre peuvent avoir un impact sur l’estimation de la douleur et ainsi, sur le choix du traitement destiné à y remédier.