La dépression serait liée à une inflammation du cerveau

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Une récente étude menée par des chercheurs canadiens a permis de franchir un grand pas dans la compréhension de la dépression. Les scientifiques ont en effet apporté une preuve que cette pathologie pourrait être liée à une inflammation du cerveau. Explications.

Malgré qu’il s’agisse d’un mal relativement répandu, la dépression demeure une pathologie encore assez mal comprise. Ainsi, si de nombreux traitements antidépresseurs ont été élaborés par l’industrie pharmaceutique, on ignore toujours pourquoi près d’un tiers des patients y sont insensibles. Ce constat a amené la communauté scientifique à émettre une pléthore d’hypothèses sur les origines et les mécanismes qui sous-tendent cette maladie.

Parmi ces théories, figure celle qui stipule que la dépression serait liée à une inflammation du cerveau. Pour arriver à une telle supposition, les chercheurs se sont basés sur plusieurs faits avérés. Tout d’abord, il existe une corrélation entre l’activation du système immunitaire et l’apparition de certains symptômes que l’on retrouve dans la dépression sévère (anhédonie, tristesse, anorexie, perte de poids…). De même, les personnes atteintes de cette pathologie mentale présentent fréquemment des marqueurs biologiques (sanguins) de l’inflammation. Enfin, les maladies neuro-inflammatoires sont reliées à des taux élevés de dépression.

Pour autant, bien que ces nombreux éléments plaident en faveur d’une origine inflammatoire de la dépression, les scientifiques n’avaient pas encore pu montrer expérimentalement que cette pathologie était liée à une inflammation cérébrale. C’est pour cette raison qu’une équipe de chercheurs canadiens a voulu démontrer qu’un marqueur spécifique de la neuroinflammation, connu sous le nom de TSPO Vt (1), était plus élevé chez les personnes atteintes de dépression.

Pour ce faire, ils ont constitué un groupe de 20 patients souffrant d’un deuxième épisode dépressif majeur et ne prenant pas de médicaments depuis 6 semaines. Ces derniers ont été invités à passer un examen de neuroimagerie (PET Scan) afin de déterminer dans quelle proportion le marqueur était présent dans les différentes zones cérébrales. Finalement, après avoir comparé les résultats obtenus avec ceux de 20 individus témoins, les chercheurs se sont aperçus que les personnes dépressives présentaient une inflammation plus élevée de 30% en moyenne dans trois régions du cerveau : le cortex préfrontal, le cortex cingulaire antérieur et l’insula. Les scientifiques ont par ailleurs également mis en évidence une corrélation entre l’importance de l’inflammation et la sévérité de la dépression.

« Cette découverte apporte la plus complète preuve à ce jour de l’inflammation du cerveau, et plus spécifiquement de l’activation de la microglie (ndlr : principale défense immunitaire du cerveau), dans les épisodes dépressifs majeurs », ont conclu les chercheurs, dans leur étude publiée dans la revue JAMA Psychiatry.

Au vu des résultats obtenus dans cette recherche, des travaux ultérieurs devraient être entrepris afin de déterminer si des médicaments réduisant l’inflammation cérébrale pourraient permettre de traiter efficacement une dépression sévère.

(1) Translocator protein density measured by distribution volume

Sources : JAMA PsychiatrySciences&Avenir