La comète Tchouri : une chanteuse malodorante

Crédits : ESA/Rosetta/MPS

C’est aujourd’hui que Philaé devrait devenir le premier robot à se poser sur une comète. En attendant, Tchourioumov-Guérassimenkonous nous a déjà surpris par sa forme de canard de bain, et se révèle maintenant par ses talents de chanteuse, et son odeur… particulière.

Les analyses effectuées par ROSINA un spectromètre embarqué à bord de la sonde Rosetta ont permis de déterminer la composition des gaz qui émanent de la comète. Si la présence d’eau, de dioxyde et monoxyde de carbone et de méthane était déjà connue, il a révélé que Tchouri sent très mauvais. Les responsables de l’infection interplanétaire sont le sulfure d’hydrogène, à l’odeur d’œuf pourri caractéristique, l’ammoniac, responsable de la senteur âcre de l’urine, et le formol. La fragrance de Tchouri est donc un mélange peu ragoutant de boule puante, d’étable mal tenue, et de laboratoire d’anatomie, avec une touche d’alcool frelaté due au méthanol. « Si vous pouviez sentir la comète, vous le regretteriez » d’après le blog de Rosetta. L’objectif des analyses de gaz est de déterminer la composition chimique de la comète. À mesure qu’elle s’approche du Soleil, elle devrait dégazer de plus en plus, et l’étude de ses émanations devrait nous en apprendre plus sur sa composition chimique.

Tchouri, si elle ne sent pas très bon, a d’autres talents. Les instruments destinés à étudier le plasma autour d’elle ont permis d’observer des fluctuations dans le champ magnétique à proximité de son noyau. Ces instruments sont regroupés au sein de RCP, une expérience qui vise à étudier les interactions du vent solaire avec le noyau (le gros caillou visible sur les images prises pas Rosetta) et la queue, ou trainée de la comète (la chevelure brillante, visible à des dizaines de millions de kilomètres). Les fluctuations captées sont de très faibles fréquences : 40 à 50 millihertz, ou une oscillation toutes les 20 secondes. L’équipe a pu transformer les données du magnétomètre en sons audibles en augmentant leur fréquence 10 000 fois, et le résultat est surprenant. Bien sûr, la comète n’émet pas de « son » à proprement parler, et la piste audio n’est qu’une traduction dans le domaine audible de phénomènes directement inaccessibles à nos sens.

– Illustration : ESA/Rosetta/MPS