Terre Lune Chine
Crédits : tifonimages/istock

La Chine s’installe dans la région Terre-Lune et frappe (encore) un grand coup !

C’est une première mondiale passée (presque) inaperçue : la Chine vient de déployer la toute première constellation de satellites sur une orbite rétrograde lointaine (DRO) entre la Terre et la Lune. Une prouesse technologique qui marque un tournant dans l’exploration de l’espace profond… et qui pourrait bien redéfinir les futures missions lunaires.

Une orbite pas comme les autres

Pour bien comprendre l’exploit, il faut s’intéresser à cette fameuse orbite DRO (Distant Retrograde Orbit). Cette trajectoire n’est ni vraiment autour de la Terre, ni tout à fait autour de la Lune. Elle évolue dans l’espace situé entre les deux astres, à une distance pouvant atteindre 2 millions de kilomètres de la Terre.

L’originalité de cette orbite, c’est qu’elle combine deux mouvements : prograde autour de la Terre (dans le sens de rotation) et rétrograde autour de la Lune (dans le sens inverse). Résultat : une trajectoire très stable, qui demande peu de carburant pour y rester, tout en offrant une vue stratégique sur l’ensemble du système Terre-Lune.

Trois satellites en mission… pour le futur

Cette percée est portée par des chercheurs chinois de l’Académie des sciences (CAS). Ils ont déployé trois satellites : DRO-A, DRO-B et DRO-L. Le premier est resté en orbite DRO, le second effectue des manœuvres complexes, et le troisième servait déjà de point de communication en orbite terrestre.

Leur mission : établir des liaisons intersatellites, tester la navigation autonome, et démontrer la fiabilité d’un système de communication dans cette région lointaine de l’espace. Et ça fonctionne : les satellites ont réussi à se synchroniser avec une précision remarquable, tout en utilisant seulement un cinquième du carburant habituellement nécessaire à ce type d’opération.

chine terre-lune satellites
L’image illustre la constellation de trois satellites basée sur l’orbite rétrograde lointaine (DRO) dans la région Terre-Lune de l’espace. (Image représentative). Crédits : CAS

Une base arrière pour la conquête lunaire

Mais pourquoi tant d’efforts de la part de la Chine pour une orbite “intermédiaire” ? Parce que le DRO pourrait bien devenir la plaque tournante des futures missions lunaires et spatiales chinoises. Il sert déjà de plateforme de relai entre la Terre et la Lune, et pourra bientôt transmettre des signaux horaires ultra-précis ou guider des atterrisseurs lunaires à distance.

Ce réseau pourrait également permettre de mener des recherches fondamentales dans des domaines pointus comme la mécanique quantique ou la physique atomique, dans un environnement spatial plus stable que l’orbite basse terrestre.

Une démonstration de puissance… à faible coût

C’est aussi une démonstration claire de l’avancée technologique de la Chine. Grâce à une architecture innovante et des systèmes embarqués efficaces, les ingénieurs ont prouvé qu’il était possible d’explorer l’espace lointain à moindre coût. Et ce, avec une grande flexibilité opérationnelle, notamment en cas de panne ou de changement de mission en vol.

À Pékin, ce projet s’inscrit dans une feuille de route plus large : préparer les missions lunaires habitées, renforcer la présence spatiale chinoise, et à terme, poser les bases d’une infrastructure spatiale permanente entre la Terre, la Lune… et au-delà.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.