La Chine intensifie sa course vers la Lune, avec l’ambition d’y envoyer des astronautes d’ici 2030. Derrière cette ambition se cache un programme complexe, alliant développement de fusées de nouvelle génération, vaisseaux spatiaux habités et atterrisseurs lunaires innovants. Les récents tests menés sur la Longue Marche 10 et sur le vaisseau Mengzhou démontrent que le pays est en train de franchir des étapes cruciales pour préparer des missions lunaires habitées. Ces essais ne se limitent pas à la propulsion : ils incluent aussi la sécurité des astronautes, le contrôle des atterrissages et la conception de combinaisons adaptées à l’environnement lunaire.
Des moteurs d’une puissance record pour un objectif ambitieux
Le 15 août, la Chine a réalisé un essai au sol du système de propulsion du premier étage de la fusée Longue Marche 10. Cette fusée, conçue pour transporter des astronautes et des cargos vers la Lune, a montré sa capacité à produire une poussée record proche de 1 000 tonnes. Le test a utilisé une maquette raccourcie de l’étage, équipée de sept moteurs YF-100K, dont trois pivotaient pour assurer le contrôle de vol. L’essai a permis d’évaluer non seulement la puissance des moteurs, mais aussi la résistance de l’étage central aux contraintes thermiques et mécaniques générées par un fonctionnement simultané.
Cette étape est cruciale pour la réussite des missions lunaires : elle permet de vérifier la compatibilité des systèmes et de réduire les risques avant le premier vol réel de la fusée. Selon les ingénieurs chinois, l’étage central de la Longue Marche 10 repose sur un principe modulaire, regroupant trois modules identiques, ce qui facilite la construction et l’entretien tout en assurant des performances optimales. Les essais démontrent ainsi que la Chine dispose désormais d’un lanceur capable de supporter les charges et les exigences d’une mission habitée vers la Lune.
Mengzhou et Lanyue : préparer les astronautes pour l’orbite et la surface lunaire
La fusée Longue Marche 10 n’est qu’une pièce du puzzle. Les missions habitées nécessitent également des véhicules capables de transporter les astronautes et de soutenir leurs activités. Mengzhou, le vaisseau spatial habité, servira à amener les astronautes jusqu’à l’orbite lunaire et à rester en orbite pendant que l’atterrisseur Lanyue descend sur la surface. Lanyue, quant à lui, est conçu pour transporter deux astronautes, des rovers et des charges scientifiques, et assurer la sécurité et la mobilité sur le sol lunaire.
Les tests récents ont confirmé la fiabilité de ces systèmes. En juin, un essai de lancement d’urgence de Mengzhou a validé le système d’évasion à zéro altitude, garantissant que la capsule pouvait se séparer de sa tour et revenir en toute sécurité. Début août, Lanyue a subi un test de décollage et d’atterrissage simulé sur le site d’essai de Zhangjiakou. Ces essais ont permis de vérifier le guidage, la navigation, le contrôle et la propulsion, ainsi que la compatibilité des interfaces entre les différents sous-systèmes.

Équiper les astronautes pour un environnement hostile
Au-delà des fusées et des capsules, les missions lunaires exigent des combinaisons spatiales parfaitement adaptées à l’environnement de la Lune. En septembre, la CMSA a présenté la combinaison lunaire chinoise, conçue pour protéger les astronautes de la poussière, des températures extrêmes et des contraintes liées à la faible gravité. La combinaison intègre un panneau de commande multifonction et des caméras pour enregistrer les activités, tout en offrant des gants souples et des articulations optimisées pour marcher, s’accroupir ou manipuler des instruments sur la surface lunaire.
Cette préparation complète — des moteurs aux combinaisons spatiales — montre que la Chine ne se contente pas de rêver d’un voyage sur la Lune. Elle construit un système intégré, capable de soutenir la vie, la mobilité et la recherche scientifique des astronautes une fois qu’ils poseront le pied sur le sol lunaire. L’ensemble de ces avancées suggère que le pays est en bonne voie pour réaliser ses ambitions lunaires dans la décennie à venir.
