Un satellite-espion américain a récemment révélé la construction d’une gigantesque installation de fusion laser en Chine, située à Mianyang, dans le sud-ouest du pays. D’après les experts, ce projet serait 50 % plus grand que le National Ignition Facility (NIF) aux États-Unis, actuellement la plus vaste infrastructure de ce type au monde. Cette découverte soulève de nombreuses questions. Si la fusion nucléaire est souvent présentée comme une source d’énergie propre et illimitée, cette technologie peut aussi avoir des applications militaires sensibles. Alors, que cherche réellement la Chine avec ce projet ?
La fusion laser : une technologie prometteuse
La fusion par confinement inertiel, aussi appelée fusion laser, consiste à utiliser des faisceaux laser ultra-puissants pour chauffer et comprimer des isotopes d’hydrogène jusqu’à ce qu’ils atteignent des températures et des pressions extrêmes. À ce stade, les noyaux atomiques surmontent leur répulsion électrostatique et fusionnent, ce qui libère une énergie colossale sous forme de chaleur. Ce processus imite le mécanisme qui alimente le Soleil et les étoiles.
Cette approche est différente de la fusion par confinement magnétique qui est plus couramment étudiée et utilisée dans des projets comme ITER en France ou le tokamak EAST en Chine. La fusion magnétique repose sur des champs magnétiques intenses pour maintenir et stabiliser un plasma ultra-chaud (supérieur à 100 millions de degrés Celsius) dans un réacteur en forme de tore. L’objectif est d’empêcher le plasma de toucher les parois du réacteur afin qu’il puisse maintenir des conditions optimales pour la fusion.
En comparaison, la fusion laser (confinement inertiel) fonctionne à une échelle beaucoup plus réduite et cherche à déclencher des réactions de fusion de manière brève, mais intense en comprimant une capsule de combustible fusionnel avec des lasers. Ce processus permet de produire des impulsions énergétiques très puissantes. Si elle était maîtrisée à grande échelle, la fusion sous toutes ses formes pourrait révolutionner la production d’électricité en fournissant une source quasi infinie, propre et durable, ce qui réduirait ainsi notre dépendance aux énergies fossiles et contribuerait à la lutte contre le changement climatique.

Un projet « secret » chinois
Si la fusion laser est avant tout envisagée comme une révolution énergétique, elle suscite également des intérêts stratégiques et militaires. En effet, elle permet de modéliser des explosions nucléaires sans avoir besoin de réaliser des tests grandeur nature, qui sont interdits par le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Dans ce contexte, un projet chinois attire l’attention des experts américains.
La Chine développerait en effet en toute discrétion ce qui pourrait devenir le plus grand laser à fusion nucléaire au monde. Selon des analyses d’images satellites, l’installation chinoise de Mianyang possèderait quatre bras massifs qui des baies laser qui convergent vers une chambre centrale où les réactions auront lieu. Sa taille dépasserait également largement celle du National Ignition Facility (NIF), en Californie, qui a récemment réussi à produire une réaction de fusion avec un gain énergétique net, une première mondiale.
Cette perspective inquiète les États-Unis, car en améliorant la compréhension des réactions de fusion, la Chine pourrait alors perfectionner ses armes nucléaires, notamment en développant de nouvelles ogives thermonucléaires plus efficaces et plus puissantes.