Des travaux de microscopie électronique révèlent pour la première fois la protéine responsable de la maladie d’Alzheimer dans des détails sans précédent. Les résultats de ces travaux ont été publiés dans la revue Science.
Découverte en 1906 par Aloïs Alzheimer, la maladie d’Alzheimer est une affection du cerveau dite « neurodégénérative » (qui entraîne une disparition progressive des neurones) qui nous affecte tous de près ou de loin. Nous pointons ici du doigt les fibrilles de la protéine bêta-amyloïde (Aβ) qui sont le principal constituant des dépôts dans le cerveau de protéines pathologiques caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Mais pour vaincre son ennemi, encore faut-il apprendre à le connaître, et si possible dans les moindres détails ! Ces images inédites obtenues par cryomicroscopie électronique nous révèlent ici la structure atomique de l’une de ces fibrilles.
Ce travail issu d’une collaboration de chercheurs allemands et hollandais nous présente les molécules d’Aβ apparaissant comme des filaments enchevêtrés positionnés dans différents plans de l’espace, un peu comme dans une fermeture éclair. Si plusieurs de ces fibrilles s’emmêlent, cela donne lieu à des dépôts (ou plaques) typiques détectés dans les tissus cérébraux des patients atteints d’Alzheimer.
Les fibrilles amyloïdes sont constituées de protéines naturelles qui sont normalement solubles, mais qui peuvent s’égarer et se combiner pour former des fibres insolubles. Dans le cas de la maladie d’Alzheimer, ces plaques de fibrilles s’accumulent entre les cellules nerveuses et sont les principaux suspects de la mort cellulaire et de la perte de tissu associée à la maladie. Ces nouveaux balayages à haute résolution nous montrent par ailleurs l’emplacement et la structure de tous les 42 acides aminés composant une molécule de bêta-amyloïde. Cela pourrait aider à expliquer comment les variations génétiques affectent les chances de développer la maladie d’Alzheimer.
Il aura fallu plus d’un an de travail aux chercheurs de l’université de Maastricht (Pays-Bas) pour analyser avec finesse les données obtenues par microscopie électronique. La technique s’appuie ici sur des températures incroyablement basses (cryogéniques) pour maintenir les atomes en place et les mesurer sans interférence dans leur état naturel. Ces nouvelles images permettront sans doute aux chercheurs de mieux comprendre les mécanismes à l’origine de ces dépôts. Il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons à propos de la maladie d’Alzheimer, mais nous progressons. Et ces images sont un énorme bond en avant.
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