Depuis 2020, une augmentation
significative des interactions entre un petit groupe d’orques et
des bateaux au large de la péninsule ibérique a suscité
l’inquiétude et l’intérêt des scientifiques ainsi que des autorités
maritimes. Ces interactions, souvent marquées par des éperonnages,
ont conduit à des dommages considérables sur certains navires,
notamment des voiliers. Un récent rapport de la Commission
baleinière internationale (CBI) explore les causes possibles de ce
phénomène et propose des solutions pour réduire les
risques.
Contexte des interactions
Depuis 2020, les interactions entre un
petit groupe d’orques et des navires au large de la péninsule
ibérique ont attiré l’attention et suscité des préoccupations. Ces
épaulards ibériques, comme on
les appelle, se sont engagés dans au moins 673
interactions avec des navires dans les eaux du Maroc, de
l’Espagne et du Portugal. Cette tendance, marquée par des
éperonnages, a entraîné des dommages notables sur certains navires,
notamment des voiliers.
Les incidents impliquant ces orques
ont été variés, mais la plupart ont ciblé des voiliers de
taille moyenne, mettant en évidence une préférence pour
les gouvernails à bêche. Ces interactions ont suscité des
inquiétudes parmi les marins et les autorités maritimes, notamment
après le naufrage d’un yacht polonais dans le détroit de Gibraltar
en novembre 2023.
Analyse du rapport de la CBI
Pour mieux comprendre ce comportement
inhabituel, les gouvernements espagnol et portugais ont sollicité
l’aide de la Commission baleinière internationale (CBI). Le
rapport résultant de cette étude
suggère que le comportement des orques n’est pas agressif,
mais plutôt ludique. Cette conclusion est soutenue par
l’observation de l’augmentation de la disponibilité des
proies, permettant aux orques d’avoir plus de
temps libre pour s’engager dans des activités ludiques, y
compris l’interaction avec les bateaux.
De plus, le rapport met en lumière le
fait que les orques sont connues pour leurs traditions
comportementales transmises culturellement. Certaines populations
développent aussi des modes temporaires,
semblables à l’exemple de 1987 où des orques de Puget Sound
portaient des saumons morts sur leur nez. Ici, les épaulards
ibériques semblent également avoir adopté l’une de ces modes,
impliquant cette fois les gouvernails de bateaux.
Crédit :
iStock
Crédits : photoworks1/istock
Recommandations pour réduire les
risques
Pour minimiser les interactions
dangereuses, le rapport recommande de rendre les bateaux
moins attrayants pour ces animaux. Modifier les
gouvernails pour les rendre abrasifs ou bosselés pourrait dissuader
les orques sans leur causer de mal. En attendant, les marins ont
reçu comme conseil de s’éloigner rapidement des zones où des orques
ont été repérées et de signaler immédiatement toute rencontre aux
autorités.
Une cohabitation à construire
Les interactions entre les orques ibériques et les bateaux
constituent un phénomène complexe, mettant en lumière la richesse
comportementale de ces mammifères marins. Si ces interactions
représentent un défi pour les navigateurs et les autorités
maritimes, elles témoignent également de l’intelligence et de la
capacité d’adaptation culturelle des orques.
Le rapport de la Commission baleinière internationale offre des
pistes intéressantes pour réduire les risques tout en respectant
ces animaux emblématiques. Cependant, des efforts supplémentaires
en matière de recherche, de sensibilisation et de coopération
internationale seront nécessaires pour garantir une coexistence
harmonieuse entre les activités humaines et les écosystèmes
marins.
En fin de compte, ces interactions inhabituelles nous rappellent
que la mer n’est pas seulement un espace d’exploitation humaine,
mais un habitat partagé. Trouver des solutions durables et
respectueuses est une opportunité de mieux comprendre notre impact
sur la faune marine et d’apprendre à vivre en harmonie avec
elle.
Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines
favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec
Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les
nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.