Au Kenya, des chercheurs disent avoir découvert dans une zone rurale un insecte dit plastivore, autrement dit capable de dégrader certains types de plastique. Les résultats de leurs travaux ouvriraient potentiellement la voie vers une dépollution générale du pays et potentiellement d’autres contrées.
Biodégrader du plastique tel que le polystyrène et le polyéthylène
Depuis déjà de nombreuses années, la pollution plastique est un véritable fléau aux quatre coins du monde. Dans ce contexte, chaque découverte pouvant faire avancer le recyclage ou l’élimination de ces matériaux d’une manière durable est pertinente et bienvenue. Des chercheurs de l’International Centre of Insect Physiology and Ecology à Nairobi (Kenya) ont publié une étude assez intéressante dans la revue Scientific Reports en septembre 2024.
Les auteurs de l’étude disent avoir découvert un insecte plastivore dans une zone rurale du Kenya. Il s’agit du petit ténébrion mat (Alphitobius diaperinus), un coléoptère surtout présent dans les étables et les poulaillers. Selon les scientifiques, les larves de cet insecte pourraient héberger des bactéries dans leurs intestins qui leur permettent de digérer et décomposer le polystyrène et le polyéthylène.
Rappelons au passage que le polystyrène et le polyéthylène sont des matériaux plastiques très peu recyclés. Surtout, ils sont responsables de nombreuses émissions de gaz à effet de serre et de substances toxiques, dont les conséquences sur le climat, la santé humaine et la biodiversité sont de plus en plus inquiétantes.
Davantage de travaux seront nécessaires
Les auteurs de l’étude ont évoqué des enzymes spéciales dans le système digestif du coléoptère, à l’origine d’un processus de biodégradation naturel des types de plastique cités. Il est possible de comparer ce processus avec celui des lombrics (ou vers de terre) qui décomposent habituellement les déchets organiques dans un lombricomposteur. Ainsi, les chercheurs kényans proposent d’isoler les larves du petit ténébrion mat, puis les laisser vivre et se développer parmi des déchets plastiques.
Pour l’instant, ces travaux représentent une base intéressante vers un nouveau processus de dépollution du plastique. En revanche, d’autres travaux seront nécessaires pour optimiser cette idée en élaborant un procédé industriel et donc rendre cette solution possible à très grande échelle. Dans ce cas, il pourrait s’agir d’une véritable révolution à l’échelle planétaire.
Néanmoins, il est également nécessaire d’éviter de perturber les écosystèmes. En effet, nous ne savons pas encore si ces larves déployées en masse pourraient ou non devenir invasives une fois adultes et éventuellement ravager les cultures vivrières. De plus, la possibilité d’appliquer cette idée dans le cadre d’un processus industriel pourrait poser d’autres questions environnementales, voire socio-économiques.