Opérationnel depuis plusieurs semaines seulement, le James Webb Telescope (JWT) aurait détecté une galaxie candidate située à trente-cinq milliards d’années-lumière de la Terre. Si la découverte est confirmée, il s’agirait alors de la galaxie la plus éloignée jamais observée.
L’espace permet de voyager dans le temps. Nous observons en effet des objets tels qu’ils apparaissaient au moment où les photons que nous captons les ont quittés pour la première fois. Et puisque la vitesse de la lumière dans le vide de l’espace est constante, plus un objet est éloigné, plus nous regardons loin dans le temps. Or, le James Webb Telescope a été conçu pour scruter plus loin dans l’espace et le temps que tout autre observatoire avant lui.
Cette nouvelle découverte en est la preuve. Deux nouvelles images du télescope montrent en effet ce qui pourrait être l’une des premières galaxies jamais observées. Connu sous le nom de CEERS-93316, l’objet se placerait à environ trente-cinq milliards d’années-lumière de la Terre. Nous le voyons tel qu’il était seulement 235 millions d’années après le Big Bang, soit environ 135 millions d’années après la naissance des premières étoiles.
Mais si l’univers a 13,8 milliards d’années, comment se fait-il que cette galaxie se trouve à plus de trente-cinq milliards d’années-lumière ? Le fait est que l’Univers est en constante expansion et il s’est considérablement étendu depuis que la lumière a quitté cette galaxie il y a environ 13,6 milliards d’années.
Une pluie de records à venir ?
L’expansion de l’Univers étire les ondes lumineuses, les déplaçant vers l’extrémité rouge du spectre. Les astronomes mesurent ce « décalage vers le rouge » à travers des valeurs z. Concrètement, tout ce qui a une valeur supérieure à 10 existe dans les premières centaines de millions d’années de l’Univers.
Jusqu’à présent, la seule galaxie officiellement confirmée dans cette gamme est GN-z11. Sa valeur, mesurée par les télescopes Hubble et Keck I, était de 11 environ. CEERS-93316 aurait de son côté une valeur de 16,7, mais ces mesures doivent être confirmées.
Le JWT est particulièrement bien placé pour observer ces galaxies lointaines. Son immense miroir capte en effet plus de lumière, tandis que ses instruments infrarouges peuvent entrevoir ces galaxies pâles mieux que tout autre observatoire jusqu’à présent.
La meilleure démonstration de ses capacités est peut-être la rapidité avec laquelle il continue de battre ses propres records. CEERS-93316 ne sera probablement le détenteur du record que pendant un temps. Deux autres études publiées plus tôt en juillet ont en effet révélé des galaxies potentiellement plus éloignées encore. Rappelons que le télescope n’est opérationnel que depuis plusieurs semaines. Et aux dernières nouvelles, il pourrait nous régaler pendant vingt ans.