Un juge de district américain a donné son approbation pour la première exécution par asphyxie à l’azote, prévue pour Kenneth Eugene Smith, détenu en Alabama, le 25 janvier. En quoi cette méthode consiste-t-elle ? Et pourquoi est-elle désormais proposée ?
Des exécutions de plus en plus bâclées
Pendant longtemps, les mises à mort de prisonniers aux États-Unis se faisaient avec du thiopental de sodium, un médicament barbiturique jadis administré en tant que premier composant pour induire un état d’inconscience chez le condamné à mort avant l’administration d’autres substances provoquant la mort. Le thiopental de sodium était privilégié pour son effet hypnotique rapide, ce qui permettait d’assurer que le condamné ne ressentirait pas la douleur pendant l’exécution.
Cependant, au début des années 2010, plusieurs entreprises pharmaceutiques ont décidé de cesser de fournir le thiopental de sodium pour une utilisation dans les exécutions, en invoquant des préoccupations éthiques et l’opposition à l’utilisation de leurs produits à des fins mortelles. Cela a conduit de nombreux États à rechercher de nouveaux moyens de mettre à mort les prisonniers, certains se tournant vers le sédatif midazolam. Toutefois, son utilisation s’est révélée très controversée du fait que certains prisonniers semblaient souffrir de convulsions après l’injection. Les échecs d’exécution sont également devenus de plus en plus fréquents.

L’asphyxie par l’azote pour une future exécution
À la recherche d’une méthode plus efficace, l’État de l’Oklahoma est devenu le premier à approuver l’asphyxie à l’azote en 2015. Les États du Mississippi et l’Alabama ont rapidement suivi, même si aucun prisonnier n’a encore été exécuté selon cette méthode. Condamné en 1988 pour le meurtre d’Elizabeth Dorlene Sennett, Kenneth Eugene Smith sera le premier à expérimenter cette approche.
Selon les plans avancés par l’État de l’Alabama, un respirateur doit être placé sur le nez et la bouche du prisonnier afin de remplacer tout l’air respirable par de l’azote gazeux, ce qui conduit finalement à la suffocation.
En novembre 2022, le prisonnier avait fait déjà l’objet d’une tentative d’exécution qui fut bâclée. Incapable de trouver une veine, le personnel pénitentiaire avait en effet passé plus d’une heure à tenter de lui administrer une injection mortelle de midazolam. Finalement, minuit était passé. Dès lors, la peine ne pouvait plus être appliquée.
Les avocats font appel
La nouvelle peine doit être exécutée le 25 janvier prochain, bien que les avocats du condamné aient fait appel de la décision. Si le bureau du procureur général de l’État a affirmé que la méthode provoquerait une perte de conscience rapide, ce qui doit être le cas pour que la décision soit constitutionnellement valide, les avocats ont en effet soulevé des préoccupations éthiques et souligné que l’American Veterinary Medical Association déconseille l’hypoxie à l’azote comme forme d’euthanasie pour tous les mammifères à l’exception des porcs, car la procédure est jugée trop « pénible ». L’équipe juridique de Smith soutient également que le prévenu est utilisé comme cobaye pour une procédure expérimentale.
À moins que cet appel n’aboutisse, Kenneth Eugene Smith sera malgré tout le premier à expérimenter cette nouvelle forme d’exécution instaurée dans un cadre légal.